Les Prés d'Amour se trouvent à 2 km à l'est du centre-ville de Tournai et sont accessibles par plusieurs voiries: la chaussée de Renaix, le chemin 55, la rue Albert, la rue de la Résistance ou la rue de l'Hôpital. Cependant, aucun sentier ne donne accès aux différentes parcelles.
Le site repose sur une épaisse couche d'argile qui recouvre des terrains de la Formation d'Antoing, consistant essentiellement en des calcaires argilo-siliceux, gris foncé à noirs, en bancs épais de 20 à 80 cm en moyenne, séparés par des joints de stratification, souvent minces, calcschisteux ou franchement argileux.
Le site se compose d'une mosaïque d'habitats.
* Au nord, une peupleraie d'environ 0,5 ha.
* Au nord-ouest (environ 1 ha), une roselière, une cariçaie et une friche à baldingère (anciennes argilières partiellement remblayées). Cinq mares y ont été creusées en 2000.
* Au nord-est, trois prairies humides s'étendent sur 3 ha: la parcelle centrale, de 1,5 ha, est une ancienne fosse d'argile qui, récemment clôturée, est pâturée extensivement. Sept mares y ont été creusées en janvier 2006. Les prairies humides adjacentes sont pâturées mais sans amendement excessif en engrais.
* Dans la partie sud-ouest: deux friches sèches (marais remblayés) de 1 ha sont fauchées tardivement. Une mare y a été aménagée à l'extrémité ouest.
* Dans la partie sud-est (3 ha): une mégaphorbiaie, bordée d'une petite roselière, de deux prairies pâturées et de trois jardins.
Trois rieux traversent le site: le rieu de Warchin alimenté par les eaux d'exhaure de la Carrière CCB de Gaurain (à l'est), le rieu d'Amour (également à l'est) et le rieu du Follet (au nord). Le rieu d'Amour, extrêmement pollué, fera prochainement l'objet d'une épuration par la société Ipalle.
La fréquentation du site est très faible, excepté quelques rares pêcheurs en bordure du rieu de Warchin et de quelques enfants dans une des friches sèches.
On constate régulièrement la présence de déchets verts et autres sur tout le pourtour du site; un ancien dépotoir existait à l'endroit des deux friches sèches (anciens marais remblayés).
L'environnement des Prés d'Amour est constitué au nord et à l'est par des prairies entrecoupées de cordons d'habitations. Le nord-ouest du site est très urbanisé, alors qu'au sud-ouest subsistent quelques prairies et vergers. Au sud, les lignes de chemin de fer Tournai-Mons et Tournai-Bruxelles sont séparées par une roselière en partie en eau (environ 0,1 ha).
Les Prés d'Amour constituent aux portes de la ville de Tournai une zone humide d'une quinzaine d'hectares de grand intérêt biologique. Le site se compose d'une mosaïque d'habitats: roselières, cariçaies, prairies humides, mégaphorbiaies, pâtures, friches, fourrés, peupleraie, etc.
Au nord-ouest, on rencontre trois gradients de végétation:
* Phragmitaie fragmentée par les éclaircies occasionnées par le Rat musqué; dans ces trous d'eau, présence importante de Lythrum salicaria et Solanum dulcamara. Nidification de la Rousserolle effarvatte, du Bruant des roseaux et probablement du Râle d'eau
* Cariçaie à Carex acuta, Carex acutiformis, Carex cuprina, Carex disticha, Carex pseudocyperus et Carex riparia.
* Friche à Phalaris arundinacea: elle a été partiellement étrépée en 2002 et les vases exondées sont colonisées notamment par Ranunculus sceleratus, Caltha palustris, Mentha aquatica et Phragmites australis qui tend à s'étendre un peu plus chaque année. C'est une zone appréciée par le Râle d'eau, la Bécassine sourde et la Bécassine des marais en hiver.
Dans le nord-est du site:
La prairie humide centrale est sillonnée d'un large drain et pâturée extensivement. Elle est dominée par un groupement de laîches (Carex acuta, Carex acutiformis, Carex cuprina, Carex disticha, Carex hirta, Carex pseudocyperus, Carex riparia), de joncs (Juncus acutiflorus, Juncus articulatus, Juncus bufonius, Juncus effusus, Juncus inflexus), de Ranunculus sceleratus en bordure du drain, Glyceria maxima, Lycopus europaeus et surtout Mentha aquatica. Sept mares y ont été creusées en hiver 2006 et n'ont fait l'objet que de recensements partiels; à noter toutefois que l'une d'entre elles est occupée par une libellule pionnière assez rare, Ischnura pumilio.
Les prairies humides adjacentes sont pâturées mais sans apport excessif d'engrais; la flore y est d'ailleurs diversifiée (notamment Oenanthe fistulosa et Cardamine pratensis).
Dans le sud-ouest:
Deux friches sèches sont fauchées tardivement et présentent une belle diversité de plantes à fleurs: Tanacetum vulgare, Melilotus albus, Vicia cracca et Eupatorium cannabinum butiné par Aromia moschata et Cetonia aurata. Elles sont bordées de bouquets de Salix caprea, Salix alba et de grands ronciers. Nidification de l'Hypolaïs ictérine, de la Fauvette grisette et de la Rousserolle verderolle.
Dans le sud-est:
* Une mégaphorbiaie à Lythrum salicaria, Lycopus europaeus et Mentha aquatica est bordée d'une petite phragmitaie où niche la Rousserolle effarvatte et d'une cariçaie dominée par Carex acutiformis. La parcelle n'est en eau que lorsque la pluviométrie est suffisante; elle est alimentée également par les débordements du rieu de Warchin. Une parcelle à Phalaris arundinacea a été étrépée en 2002, ce qui a permis aux franges de roselière de se développer davantage.
* Les deux prairies adjacentes sont pâturées tardivement et peu amendées (présence abondante de Cardamine pratensis).
* Trois maisons ont l'arrière de leur jardin en bordure de la mégaphorbiaie qui s'eutrophise partiellement par l'apport de déchets verts et d'eaux usées. Dans les massifs d'ortie et de ronces qui s'y sont développés, niche la Fauvette grisette. Le Gobemouche gris se reproduit dans un des jardins.
Dans le sud:
Dans la grande phragmitaie en eau, alimentée notamment par les débordements du Rieu de Warchin, nichent le Grèbe castagneux, la Rousserolle effarvatte et le Bruant des roseaux; le Râle d'eau y est un nicheur possible.
Non incluses dans le site, les zones de cendrée en bordure des lignes de chemin de fer Tournai-Mons et Tournai-Bruxelles constituent des milieux xériques occupés par deux espèces protégées: Zootoca vivipara et Oedipoda coerulescens. La flore y est aussi diversifiée: Melilotus albus, Hypericum perforatum, Agrimonia eupatoria, Verbascum nigrum, Verbascum thapsus, Odontites vernus,...
Entre ces deux lignes de chemin de fer, se trouve une roselière (non étudiée) d'une dizaine d'ares partiellement en eau.
Le rieu de Warchin
Le rieu de Warchin opère une boucle dans le site en traversant par deux fois la ligne de chemin de fer (sud). C'est une rivière au débit rapide, car alimenté par les eaux d'exhaure de la Carrière CCB de Gaurain. Il attire en hiver, et parfois à la belle saison, le Martin-pêcheur qui y trouve notamment l'Epinoche (abondante) et le Goujon.
Sur certains tronçons, la flore rivulaire est diversifiée, avec notamment Carex pseudocyperus, Carex riparia, Iris pseudacorus, Filipendula ulmaria, Scrophularia auriculata, Lycopus europaeus. Calopteryx splendens, libellule peu commune dans le Tournaisis, s'y reproduit.
Malgré l'isolement du site et de sa situation périurbaine, le marais présente une diversité faunistique étonnante.
Mammifères:
On a déjà noté l'hermine (Mustela erminea), le putois (Putorius putorius), le rat des moissons (Micromys minutus) et le rat musqué (Ondatra zibethicus).
Oiseaux:
Compte tenu de la diversité des milieux et de la présence de phragmitaies et d'eau libre, le site est particulièrement attractif pour l'avifaune.
- Espèces irrégulières en halte migratoire et en hivernage: aigrette garzette (Egretta garzetta), cigogne blanche (Ciconia ciconia), panure à moustaches (Panurus biarmicus), butor étoilé (Botaurus stellaris).
- Espèces hivernales régulières: sarcelle d'hiver (Anas crecca), bécassine des marais (Gallinago gallinago), bécassine sourde (Lymnocryptes minimus), pipit spioncelle (Anthus spinoletta) (dortoir).
- Espèces régulières en halte migratoire: tadorne de Belon (Tadorna tadorna), canard chipeau (Anas strepera), canard pilet (Anas acuta), canard siffleur (Anas penelope), canard souchet (Anas clypeata), sarcelle d'été (Anas querquedula), chevalier aboyeur (Tringa nebularia), chevalier culblanc (Tringa ochropus), chevalier guignette (Actitis hypoleucos), chevalier sylvain (Tringa glareola), phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus), ...
- Espèces nicheuses: grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis), épervier d'Europe (Accipiter nisus), faucon crécerelle (Falco tinnunculus), foulque macroule (Fulica atra), râle d'eau (Rallus aquaticus), pigeon colombin (Columba oenas), tourterelle des bois (Streptopelia turtur), coucou gris (Cuculus canorus), chevêche d'Athéna (Athene noctua), martin-pêcheur d'Europe (Alcedo atthis), pic épeichette (Dendrocopos minor), rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris), rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus), hypolaïs ictérine (Hippolais icterina), fauvette babillarde (Sylvia curruca), fauvette des jardins (Sylvia borin), fauvette grisette (Sylvia communis), chardonneret élégant (Carduelis carduelis), bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus), mésange boréale (Poecile montanus).
Le site est exploité par différents rapaces comme le faucon hobereau (Falco subbuteo).
Herpétofaune:
Six espèces d'amphibiens ont été notées jusqu'ici: triton alpestre (Ichthyosaura alpestris), triton ponctué (Lissotriton vulgaris), crapaud commun (Bufo bufo), grenouille verte (Pelophylax kl. esculentus), grenouille rousse (Rana temporaria) et triton crêté (Triturus cristatus) (une observation le 3/4/1999 - X. Vandevyvre).
Les reptiles sont peu nombreux: seul est connu le lézard vivipare (Zootoca vivipara) cantonné en bordure du chemin de fer, tandis que la tortue de Floride (Trachemys scripta) est notée régulièrement.
Insectes:
- Odonates: espèces les plus intéressantes: caloptéryx éclatant (Calopteryx splendens), Agrion nain (Ischnura pumilio), sympétrum à nervures rouges (Sympetrum fonscolombii). Autres espèces plus banales: agrion élégant (Ischnura elegans), leste vert (Lestes viridis), orthétrum réticulé (Orthetrum cancellatum), libellule déprimée (Libellula depressa), anax empereur (Anax imperator), sympétrum striolé (Sympetrum striolatum), sympétrum sanguin (Sympetrum sanguineum).
- Orthoptères: une seule espèce protégée, le criquet à ailes bleues (Oedipoda caerulescens), localisée aux abords de la voie ferrée; en outre le conocéphale bigarré (Conocephalus fuscus), et le conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis).
- Coléoptères: deux espèces protégées, l'aromie musquée (Aromia moschata) et la cétoine dorée (Cetonia aurata).
- Hétéroptères: Graphosoma italicum.
- Lépidoptères: aucune espèce de la liste rouge. A noter le gâte-bois (Cossus cossus) papillon de jour à larve xylophage et la zygène de la filipendule (Zygaena filipendulae), peu courante dans le Tournaisis.
- Diptères: aucun inventaire, mais à souligner l'observation récente (2016) d'Odontomyia argentata, une espèce Stratiomyidae à larve semi-aquatique, rare et localisée en Région wallonne.
Araignées:
Aucun inventaire à ce jour. A signaler une espèce spectaculaire et caractéristique, l'argiope fasciée (Argiope bruennichi), jadis rare mais à présent largement répandue mais étroitement liée aux végétations très hétérogènes sèches à humides.