Les Bois de la Vecquée et de la Neuville constituent le plus vaste massif forestier aux portes de l'agglomération liégeoise, abritant une flore particulièrement riche et des végétations variées. Son intérêt est d'ailleurs souligné par l'inscription d'une partie du site dans le réseau Natura 2000.
En plus d'abriter une grande diversité de conditions topographiques et écologiques, le Bois de la Vecquée se caractérise par la présence de poches tourbeuses et paratourbeuses qui sont marquées par le développement de végétations rarissimes en région liégeoise et d'une grande valeur patrimoniale, à savoir l'aulnaie marécageuse oligotrophe de plateau et la boulaie à sphaignes. C'est essentiellement sur le «plateau des sources» que ces boisements sont concentrés, et c'est en vue de les protéger au mieux qu'une réserve naturelle domaniale a été créée ici sur une centaine d'hectares. Quelques ares de boulaie à sphaignes - habitat d'intérêt communautaire- existent à une centaine de mètres à l'est de la route de Rotheux, un peu au nord du chemin du Crucifix, en bordure d'un ilot résineux. La strate arborée est dominée par Betula pubescens tandis qu'en sous-bois, on note Frangula alnus, Juncus conglomeratus, Agrostis canina, Molinia caerulea, Lysimachia nemorum, Equisetum sylvaticum, Carex remota ainsi que de beaux tapis de sphaignes (Sphagnum palustre et Sphagnum fimbriatum - id. J.-M. Couvreur 2022) en mélange d'autres mousses (Scapania nemorea, Lepidozia reptans, Kindbergia praelonga, Hypnum cupressiforme).
A la Source du Père Antoine, le long de la route de Rotheux, au sein d'une étroite mais remarquable aulnaie marécageuse, on peut admirer une très belle station d'Equisetum telmateia, plante rare en région liégeoise, en compagnie de diverses autres hygrophiles ainsi que trois espèces de sphaignes (Sphagnum palustre, S. squarrosum et flexuosum – id. J.-M. Couvreur 2022).
Au nord de la Source du Père Antoine se trouvent des sources forestières sur tourbe acide avec Carex echinata, Carex nigra, Equisetum sylvaticum (L. Wibail, 2007).
Les milieux ouverts sont relativement limités dans les limites du massif forestier. Ils correspondent pour l'essentiel aux coupes forestières (certaines atteignant quinze hectares) et au layon aménagé sous la ligne haute-tension qui traverse le site de Boncelles (à l'est) à Neuville-en-Condroz.
En 2020, cette ligne électrique de 70000 volts a fait l'objet d'un élargissement et d'aménagements écologiques à la suite du projet LIFE Elia pour ce qui est du tronçon compris entre la route de Rotheux et l'Avenue du Ban. Le layon ainsi créé atteint une longueur de 1800 m pour une trentaine de m de largeur, ce qui représente environ 5 ha de superficie. Cet espace a été ensemencé avec un mélange de graines produites par la société Ecosem comportant 5 espèces de graminées (Agrostis capillaris, Festuca pratensis, Festuca rubra subsp. commutata, Poa pratensis et Trisetum flavescens) et 21 espèces de dicotylées (Rhinanthus minor, Achillea millefolium, Angelica sylvestris, Centaurea jacea subsp. thuilleri, Crepis biennis, Galium mollugo, Geranium pyrenaicum, Heracleum sphondylium, Hypericum perforatum, Knautia arvensis, Leucanthemum vulgare, Lychnis flos-cuculi, Malva moschata, Plantago lanceolata, Primula elatior, Prunella vulgaris, Silene dioica, Silene vulgaris, Solidago virgaurea, Succisa pratensis, Verbascum lychnitis). La strate herbacée est fauchée une fois l'an par un agriculteur local.
L'aménagement du layon comme corridor écologique passe par la récréation de lisières étagées via la plantation de divers arbustes et l'augmentation du volume de bois mort au sol et sur pied. En outre trois mares ont été creusées afin d'augmenter encore le potentiel d'accueil pour la faune aquatique.
L'intérêt faunistique du massif est bien documenté, tout au moins pour les vertébrés et certains groupes d'insectes.
Bien que localisé en marge de l'agglomération liégeoise et sillonné par des routes très fréquentées, le massif de la Vecquée-Neuville est peuplé par une faune très riche, à commencer par les mammifères qui comptent des espèces emblématiques comme le chevreuil (Capreolus capreolus), le sanglier (Sus scrofa), le renard roux (Vulpes vulpes), le blaireau (Meles meles), le chat forestier (Felis silvestris), la martre des pins (Martes martes). Des mouflons introduits (Ovis gmelinii musimon) sont observés de temps à autres, en provenance sans doute de la population bien connue de Plainevaux.
Il s'agit d'un terrain de chasse de premier choix pour les chauves-souris: en 2016, des recensements à l'aide d'enregistreurs automatiques ont ainsi permis d'identifier au moins 11 espèces différentes (dont 3 sont d'intérêt communautaire), ce qui est considérable. Quelques gîtes permettent également à des individus d'hiberner sur place, c'est par exemple le cas des galeries de captage du Bois de l'Abbaye, à l'extrémité nord-ouest du massif, qui accueillent l'un ou l'autre murin à moustache (Myotis mystacinus) et pipistrelle (Pipistrellus sp.). Ces galeries sont également fréquentées par la salamandre terrestre (Salamandra salamandra).
Depuis quelques années, le castor (Castor fiber) laisse des traces ici et là le long des cours d'eau, y compris sur des très petits affluents. Les vallons humides sont également le repaire du raton laveur (Procyon lotor), désormais omniprésent dans la région. Ce type de milieu est aussi fréquenté par le très discret putois (Mustela putorius).
Le pic noir (Dryocopus martius), le pic mar (Dendrocopos medius), la cigogne noire (Ciconia nigra) et le milan royal (Milvus milvus), le grand corbeau (Corvus corax) et la bécasse des bois (Scolopox rusticola) figurent parmi les oiseaux forestiers nicheurs les plus intéressants. Le martin-pêcheur d'Europe (Alcedo atthis) est régulièrement noté le long du ruisseau du Fond du Bois de l'Abbaye et sur les étangs de la Neuville. Le coucou gris (Cuculus canorus), espèce parasite en régression chez nous, est entendu ponctuellement mais sa reproduction est difficile à établir. Au contraire en progression régulière, la pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) niche maintenant aux portes de Liège et ce petit passereau prédateur a été signalé en 2019 de la clairière de la Ferme de la Venne, au sein du Bois de l'Abbaye, de même que le torcol (Jynx torquilla).
L'herpétofaune locale se compose d'au moins 4 espèces de reptiles et 9 amphibiens. Les connaissances relatives aux premiers demeurent cependant fragmentaires, tandis que celles concernant les amphibiens proviennent surtout de quelques plans d'eau bien connus, comme la Mare aux Joncs. C'est d'ailleurs dans cette dernière que la seule mention de triton crêté (Triturus cristatus) a eu lieu, en 2008. Quant à l'alyte (Alytes obstetricans), il n'a été signalé que très localement, dans le Bois de l'Abbaye. Assez curieusement, la salamandre tachetée (Salamandra salamandra) n'est pas très souvent signalée malgré l'existence de nombreux sites de reproduction potentiels (en dehors des observations hivernales dans la galerie de captage du Bois de l'Abbaye).
Malgré le fait qu'aucun inventaire entomologique ne semble avoir été mené à ce jour sur le massif, on dispose d'une quantité assez importante de données grâce aux naturalistes de passage qui se focalisent surtout sur les groupes populaires tels les papillons de jour (32 espèces) et les libellules (23 espèces). Parmi ces dernières, l'espèce phare est certainement le cordulégastre bidenté (Cordulegaster bidentata), dont la biologie très spécialisée le confine aux ruisselets de sources en milieu forestier.
Citons en outre la présence de deux coléoptères remarquables et légalement protégés en Région wallonne: le minotaure typhée (Typhaeus typhoeus), gros géotrupe coprophage lié aux lieux secs ouverts à semi-ouverts et recherchant les crottins de chevaux, d'ovins ou de lapins ; et le lucane cerf-volant (Lucanus cervus), l'un des plus grands insectes de nos régions, à larve saproxylique se développant dans le bois en décomposition (cavités et souches) d'arbres feuillus.