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3198 - Derrière chez Mélanie

Site de Grand Intérêt Biologique (SGIB)

Synonymes :Dri mon Mélanie
Communes :Durbuy
Cantonnements DNF :Marche-en-Famenne
Surface :4.91 ha
Coordonnées :X Lambert : 235521 - Y Lambert : 116893
Voir la localisation avec la cartographie dynamique
Rappel : toute circulation en dehors de la voie publique requiert l'accord préalable du propriétaire ou de son délégué.

Intro

Brève description

Le site dénommé «Derrière Chez Mélanie» est situé sur le territoire de la commune de Durbuy, juste au nord du petit village d'Aisne. Il occupe un versant relativement abrupt exposé au sud-ouest couvert principalement par des prés de fauche et des prairies pâturées riches en plantes calcicoles, ainsi que par quelques bosquets et fourrés de recolonisation. La portion sud est constituée de parcelles privées, tandis que la partie nord, traversée par un sentier de promenade, est la propriété de l'asbl Natagora et bénéficie du statut de réserve naturelle agréée depuis février 2019 pour une superficie de 2,5 hectares. La flore recensée sur cette réserve compte au moins 171 espèces dont plusieurs orchidées comme l'ophrys frelon (Ophrys fuciflora), l'ophrys mouche (Ophrys insectifera), l'orchis militaire (Orchis militaris), la platanthère à deux feuilles (Platanthera bifolia), mais aussi bien d'autres plantes fort intéressantes comme la gentiane ciliée (Gentianella ciliata), le genévrier commun (Juniperus communis), etc. Les parties boisées comportent elles aussi leur lot d'espèces rares, telles que la sanicle d'Europe (Sanicula europaea) ou encore la renoncule des bois (Ranunculus serpens). La faune mériterait quant à elle d'être inventoriée de manière plus poussée, mais le site accueille au moins la présence de papillons peu communs, comme le cuivré fuligineux (Lycaena tityrus) et l'hespérie de la mauve (Pyrgus malvae). La réserve est gérée par pâturage extensif en rotation et par fauche mécanique. Elle est située entièrement au sein du site Natura 2000 dénommé «Basse vallée de l'Aisne».

Carto

Régions naturelles

  • K2 - Calestienne orientale

Limites administratives

Ancienne(s) commune(s)SurfaceNouvelle(s) commune(s)Province(s)
HeydDURBUYLUXEMBOURG
Villers-Sainte-GertrudeDURBUYLUXEMBOURG

Cantonnements DNF

Cantonnement(s)SurfaceDirection(s)
Marche-en-FamenneMarche-en-Famenne

Mentions dans d'autres inventaires de sites

A compléter

Propriétaire(s)

Privé(s) Oui  ONG Oui  Communes Non  Région Non  Autres publics Non

Sites protégés

Code du siteNom du siteSurface
6603Derrière chez Mélanie2.565 ha

Espèces

Espèces de valeur patrimoniale

TaxonStatut de protectionListe rougeStatutAnnéeRep*ProtectionSource
Invertébrés - Insectes - Papillons diurnes
Lycaena tityrusNonNon2010Q. Smits
Melanargia galatheaNonNon2013J. Taymans
Pyrgus malvaeNonOui2012H. Ghyselinck
Plantes - Plantes supérieures
Gentianella ciliata2012H. Ghyselinck
Juniperus communis2013J. Taymans
Ophrys fuciflora4 pieds2013H. Ghyselinck, L. Bailly
Ophrys insectifera1 pied2013H. Ghyselinck, L. Bailly
Orchis mascula2013J. Taymans
Orchis militaris1 pied2013J. Taymans
Platanthera bifolia2013L. Bailly
Platanthera chlorantha2013J. Taymans
Pulmonaria montana2013L. Bailly
Ranunculus serpens subsp. nemorosus2013J. Taymans
Sanicula europaea2013J. Taymans
Stachys alpina2013S. Pirotte
Mycètes - Champignons
Marasmius epiphylloides2013L. Bailly

Commentaires sur la faune

A compléter

Commentaires sur la flore

A compléter

Espèces exotiques

Aucune espèce végétale invasive n'a été actuellement observée dans la réserve (source: dossier agrément 2013).

Conservation

Objectifs de conservation

Conservation d'une mosaïque de milieux prairiaux et boisés diversifiés, riches en espèces animales et végétales rares ou menacées (orchidées notamment).

Conservation d'une zone d'intérêt paysager.

Menaces

En l'absence d'une gestion adaptée, risque de colonisation du milieu par une végétation ligneuse ou nitrophile.

Recommandations

Objectifs opérationnels de gestion:

1. Conserver et restaurer une diversité de milieux prairiaux (pelouses calcaires et prés de fauche) ;

2. Conserver et améliorer l'habitat des espèces animales présentes sur la réserve;

3. Conserver et améliorer les populations des espèces végétales et mycologiques rares et menacées des milieux prairiaux;

4. Conserver et améliorer les populations d'invertébrés, et en particulier les populations de papillons de jour, typiques des pelouses calcaires;

5. Maintenir et améliorer la richesse biologique globale, en assurant le maintien d'un maximum d'éléments qui lui sont favorables (éléments ligneux);

6. Maintenir l'intérêt paysager de la zone;

7. Assurer un rôle important dans une approche de découverte de la nature et de sensibilisation du public aux enjeux de la conservation de la nature.

Plan de gestion

La gestion des milieux prairiaux

La gestion des prairies et pelouses calcaires de la réserve naturelle de Derrière chez Mélanie doit permettre de concilier les différents objectifs de maintien et restauration de la diversité des communautés végétales et des populations d'espèces animales les plus typiques de ces habitats. Les prairies et pelouses calcaires, si elles ne sont pas gérées, peuvent être menacées par une banalisation des espèces végétales (par exemple, envahissement par des graminées sociales) et par le reboisement spontané par diverses formations ligneuses (fourrés d'épineux principalement). Afin de favoriser certaines espèces animales et végétales (dont de nombreux papillons) il est nécessaire de gérer ces zones essentiellement par pâturage, fauchage ou débroussaillage extensif. Les prairies et pelouses qui sont dans un bon état de conservation (c.-à-d. peu enfrichées, avec un recouvrement faible d'espèces nitrophiles ou rudérales banales) peuvent être maintenues par une gestion peu fréquente, soit par pâturage extensif, et/ou par une fauche extensive. Une combinaison des deux modes de gestion peut également s'envisager sous la forme d'un pâturage du regain.

Concernant les prairies et pelouses pâturées, plusieurs modalités de gestion sont à déterminer dans le cadre du pâturage extensif:

- Type de bétail: étant donné les conditions de pente et de sécheresse du terrain, le pâturage se fera de manière préférentielle avec des ovins et caprins rustiques, les vaches et chevaux étant généralement peu adaptés à ce type de terrain. Toutefois, en fonction des possibilités, un pâturage par des animaux de race classique peut également être envisagé.

- Saison de pâturage: Le pâturage des prairies et pelouses sera réalisé à partir de fin-juin début-juillet et ce pour une période de 3 semaines à deux mois afin de limiter la croissance des rejets ligneux et de certaines espèces vigoureuses (graminées sociales notamment), limiter la colonisation de la prairie par les ligneux et éliminer une bonne partie de la production végétale annuelle

- Charge de pâturage: La charge acceptable pour les prairies et pelouses rencontrées dans la réserve naturelle de Derrière chez Mélanie pourra aller jusqu'à 1,5 UGB/hectares pour une durée d'un à deux mois (= charge annuelle inférieure à 0,25 UGB/ha). Un pâturage plus intensif pourra être mis en place si on constate un envahissement trop important par les ligneux ou les graminées sociales.

Gérer les pelouses à l'aide du pâturage ne peut contenir à lui seul toute la dynamique ligneuse. En effet, tous les ligneux ne sont pas pâturés par les animaux. Il importe donc de faire un contrôle des rejets ligneux en éliminant les plantules et jeunes plants dans les pelouses existantes, en éliminant éventuellement des semenciers «dangereux» à proximité (bouleaux et pins surtout) et en gérant spécifiquement les lisières.

En fonction de l'état de conservation des pelouses calcaires, 4 modalités de traitement du pâturage peuvent être développées:

1. Parcelles en très bon état de conservation: pâturage en rotation un an sur trois avec contrôle des rejets après la session de pâturage et dans lesquelles des précautions particulières sont prises pour conserver la flore et surtout la faune. Il permet notamment de conserver de jeunes rejets ligneux.

2. Parcelles intéressantes mais dégradées: pâturage en rotation un an sur deux avec contrôle mécanique complémentaire des rejets et des refus herbacés.

3. Pelouses enfrichées en restauration: pâturage annuel avec contrôle des rejets et des refus herbacés après la session de pâturage

4. Coupes forestières récentes: pâturage deux fois par an avec contrôle des rejets ligneux complémentaires facultatifs.

Une autre option consiste en la mise en œuvre d'une fauche extensive des prairies, sur les parties les moins pentues de la réserve. Cette fauche sera réalisée tardivement (si possible après le 1er juillet). Lorsque l'état de conservation est jugé satisfaisant, les prairies et pelouses peu fertilisées peuvent être fauchées en septembre (ou au plus tard au début de l'automne) en maintenant une surface suffisante en zone refuge (non fauchée), en rotation. Très localement, en vue de la conservation d'espèces végétales ou mycologiques menacées, un fauchage plus précoce ou plus tardif pourra être effectué. Dans tous les cas, le produit de la fauche sera exporté. Lorsqu'il n'est pas indispensable d'exporter ce foin rapidement (pour valorisation agricole ou épandage en vue de la restauration de prairies), il est recommandé de ne pas ramasser ou détruire trop rapidement les produits de la fauche, mais d'attendre quelques jours après la coupe. Cela permet aux graines subsistant dans le foin de terminer leur maturation et de tomber sur le sol, ainsi qu'aux invertébrés d'émigrer vers des zones refuges. Il faut éviter de faucher l'herbe au ras du sol. Une telle pratique peut favoriser le développement d'espèces indésirables, comme par exemple Cirsium arvense. La hauteur de coupe ne doit donc pas être trop basse, de manière à ne pas « scalper » le sol. Une hauteur comprise entre 7 et 10 cm est recommandée. Là où les prairies ont fait l'objet d'intensification agricole, la gestion idéale est une fauche annuelle de restauration pendant plusieurs années, avec exportation des produits de coupe. Les zones les plus dégradées pourraient éventuellement faire l'objet de plusieurs fauches par an afin de rétablir un niveau trophique favorable à la diversité floristique. Après cette période de restauration, on pourra y appliquer une gestion identique aux prairies en bon état.

Tenant compte de l'avifaune des prés bocagers, les nécessités suivantes devront guider la mise en oeuvre des modalités de gestion:

- Maintien d'une certaine abondance et diversité de nourriture: la plupart des oiseaux caractéristiques des prés bocagers sont des espèces insectivores, se nourrissant d'une grande variété d'insectes. Cette variété sera maintenue en assurant le maintien de la diversité végétale des milieux prairiaux dans lesquels ces espèces se nourrissent. Par ailleurs, dans les zones gérées par la fauche ou par le pâturage, quelques précautions relativement simples permettront de tenir compte de l'entomofaune : il s'agit simplement de ne pas gérer toute la surface d'une réserve en même temps, mais de travailler en rotation. Le maintien de bandes refuges au sein des parcelles fauchées est également une mesure simple à appliquer. La juxtaposition de zones fauchées, de zones pâturées et de zones laissées à l'abandon devrait permettre de maintenir cette diversité.

- Maintien de sites de nidification: parmi les espèces d'oiseaux typiques des prairies bocagères, on compte à la fois des espèces qui nichent au sol et des espèces nichant principalement dans des éléments ligneux. Pour les espèces nichant au sol, il est intéressant de maintenir des zones de touradons de graminées privilégiées par certaines espèces pour nicher. Pour d'autres espèces, il est important de maintenir des bosquets d'épineux, des arbres et buissons isolés et des haies.

- Maintien de postes de chant et d'affût (buissons, piquets de clôture) : pour certaines espèces, il s'agit d'une mesure indispensable pour garantir les conditions appropriées à leur maintien.

Concernant les populations de papillons, c'est de nouveau par un maintien d'une diversité des communautés végétales, avec une mosaïque de végétations de composition et de structure différentes que l'objectif de conservation pourra être atteint. Quelle que soit la méthode adoptée, il convient donc d'être particulièrement attentif à ménager chaque année des zones refuges de taille suffisante qui ne seront pas concernées par la gestion. Le maintien de zones abandonnées (îlot et en bordure), où la végétation peut se développer (formation de touradons entre autres), est extrêmement favorable à certaines espèces de papillons (seule la coupe régulière des ligneux y sera effectuée afin d'éviter l'embroussaillement). Par ailleurs, si le développement des massifs ligneux peut devenir une menace, il est essentiel de conserver certains de ces massifs, de même que des lisières, au sein ou en bordure des prairies, car ils servent de refuge nocturne et de sources de nectar pour certaines espèces. Ainsi, on visera à tendre vers une juxtaposition de milieux ouverts, de secteurs arbustifs et de quelques zones boisées. En effet, cette mosaïque structurale s'avère être un facteur indéniable d'enrichissement en termes de diversité d'habitats et d'espèces.

De manière générale, pour les populations d'invertébrés, il est important que les interventions de gestion ne concernent pas l'entièreté de leur habitat afin que des surfaces suffisantes de zones refuges soient conservées annuellement. On préconise généralement de gérer annuellement 1/3 de la parcelle en laissant le reste en zone refuge.

Concernant les espèces végétales, on peut supposer qu'une gestion en faveur de la plus grande diversité des communautés favorisera un maximum d'espèces végétales. En maintenant au sein de la mosaïque des prairies de fauches peu ou moyennement fertilisées, des pelouses calcaires, des ourlets calcicoles, les espèces végétales associées à ces différents types d'habitats devraient se maintenir. Plus particulièrement dans les zones à orchidées (dont les Ophrys), il faut éviter l'établissement d'une végétation herbacée trop haute qui étoufferait les Ophrys. Il est également souhaitable de repérer les rosettes présentes dès le mois d'octobre, avant le passage des moutons, afin de placer une petite cage pour éviter qu'ils ne soient broutés. Concernant certaines espèces rares et menacées (orchidées, genévrier), une aide à la reproduction pourrait être envisagée. Sous réserve du respect de certaines conditions techniques et déontologiques, les orchidées pourraient être semées in vitro et les jeunes rosettes replantées afin de renforcer les populations en place. De même, concernant les genévriers, un renforcement de la population pourrait être envisagé par le semis de galbules provenant e.a. de la pelouse calcaire proche de Hohière.

Concernant les champignons, la restauration d'un cortège d'espèces des prés maigres à hygrophores et entolomes peut être favorisée par une exportation de la matière organique, ainsi qu'un pâturage avant le 10 octobre pour que la végétation soit rase quand c'est la bonne saison pour ces espèces tardives. Les lisières exposées ouest et nord sont les plus intéressantes, surtout pour de petits ascomycètes: dans le cadre d'un pâturage, le placement d'exclos amovibles peut être bénéfique, pour laisser çà et là des endroits où toutes les espèces des ourlets et lisières peuvent prospérer. Ces espèces sont souvent fortement liées à certaines plantes dont Rubus caesius, Brachypodium sylvaticum, Aquilegia vulgaris, Polygonatum multiflorum, Valeriana repens,...

La gestion des milieux boisés

Les milieux boisés de la réserve consistent essentiellement en éléments de forêts méso- et eutrophes à Quercus, Carpinus, Fraxinus, Acer, Tilia, Ulmus, de fourrés arbustifs et de haies.

Le premier type devrait être géré comme zone de conservation intégrale. L'abattage des arbres y sera exceptionnel: seules des interventions ciblées seront pratiquées afin de sécuriser les infrastructures, lutter contre les espèces envahissantes, etc. Les arbres morts y seront également conservés afin de favoriser la flore et la faune qui sont associées au bois mort. Cette gestion s'assimilera à une réserve intégrale, qui privilégiera le maintien des vieux arbres (dits sénescents), ainsi que la présence d'une importante quantité de bois mort.

De façon à favoriser l'entomofaune forestière et la flore de mi-ombre, il est conseillé de maintenir ou de créer des lisières forestières (bandes arbustives et herbacées). Des ourlets forestiers bien structurés existent déjà en bordure de la plupart des massifs boisés. Les buissons de lisières doivent idéalement être recépés périodiquement et les bandes herbeuses fauchées tardivement et en rotation.

Les fourrés arbustifs pourront faire l'objet d'un recépage périodique (tous les 5 à 10 ans) en vue de les maintenir dans un stade jeune et éviter leur extension sur les zones ouvertes voisines.

Les haies situées au sein de la réserve seront entretenues de façon extensive. Dans la mesure du possible, les haies arbustives basses (e.a. aubépines et pruneliers) seront laissées à leur libre évolution. Les haies comprenant des essences arborescentes (érables, frênes, saules blancs) devront éventuellement faire l'objet d'élagages périodiques (tous les 3 à 5 ans) en vue de maintenir ces dernières dans des dimensions acceptables pour le voisinage et la préservation des milieux ouverts voisins.

Accès du public

La réserve de Derrière chez Mélanie est longée et traversée par un sentier de promenade balisé. C'est donc avant tout par celui-ci que la réserve sera parcourue. En dehors de ces chemins, l'accès aux parcelles constituant la réserve proprement dite sera quant à lui limité aux visites guidées (fixées ou sur demande), aux chantiers de gestion et aux autres activités organisées avec l'accord de la Commission de Gestion.

Les véhicules motorisés et vélos tout terrain ne sont pas admis, à l'exception des engins agricoles destinés à la fauche et à la récolte du foin et des véhicules dont la présence sera indispensable pour mettre en œuvre l'une ou l'autre mesure du plan de gestion.

La partie du SGIB située hors réserve est quant à elle privée. L'accès y est dès lors interdit sans l'autorisation des propriétaires.

Détails

Description physique

Le site (partiellement réserve naturelle) de Derrière chez Mélanie est localisé sur le territoire de la commune de Durbuy (anciennes communes de Villers-Sainte-Gertrude et Heyd), au nord de la province de Luxembourg, dans la partie orientale de la région naturelle de la Calestienne. Ce coteau est situé sur le versant nord de la vallée de l'Aisne, dans le prolongement oriental de Hohière. Il est traversé par un sentier reliant la Voie d'Aisne, au nord, à la nationale 806 traversant le village d'Aisne, situé au sud du site.

Le secteur correspond à la partie aval du bassin versant de l'Aisne, rivière classée en 1ère catégorie, affluent de rive droite de l'Ourthe dont la confluence se situe à Bomal, à environ 5 kilomètres en aval du site. Aucun cours d'eau ne traverse les parcelles de la réserve ni les zones environnantes. Au regard de sa petite superficie, le dénivelé est assez important, de 230 mètres d'altitude au niveau des parcelles situées sur le haut du versant de la vallée à environ 190 mètres au point le plus bas.

D'après la carte géologique, le site occupe des assises du Primaire constituées de roches calcaires à Stringocéphales du Dévonien Moyen (étage Givetien).

La pédologie de la réserve de Derrière chez Mélanie est caractérisée par des sols limono-caillouteux à drainage favorable à horizon b structural et charge calcaire ou schisto-calcaire. Dans la partie supérieure de la réserve, les sols sont relativement superficiels (substrat débutant entre 20 et 40 cm de profondeur – sigle pédologique Gbbk4), alors que dans la partie inférieure s'observent des phases argilo-schisteuses (Gbbkf(u) et Gbbk(u)). Le vallon situé au nord-ouest est quant à lui caractérisé par des colluvions limoneuses, à drainage favorable et sans développement de profil (Abp1).

Description biologique

Les communautés végétales présentes au sein de la réserve naturelle de Derrière chez Mélanie sont décrites dans le dossier de demande d'agrément (TAYMANS, 2013) et peuvent être réparties en deux grands groupes : les milieux prairiaux et les milieux liés à la dynamique forestière (fourrés feuillus et haies).

Les milieux prairiaux

Les milieux prairiaux présents dans la réserve de Derrière chez Mélanie sont relativement diversifiés et comprennent les végétations suivantes:

- des pelouses calcaires mésophiles et méso-xérophiles occupent les zones les plus pentues. Cette végétation se développe sur des sols superficiels, à charge calcaire et à faible rétention en eau. Le cortège floristique est très diversifié et est caractérisé par une floraison abondante, très favorable à l'entomofaune pollinisatrice. On y note notamment l'abondance d'Origanum vulgare, Festuca rubra, Agrostis capillaris, Agrimonia eupatoria, Centaurea jacea, Luzula campestris, Leucanthemum vulgare, Galium verum, ainsi qu'Achillea millefolium, Lotus corniculatus, Hypochaeris radicata, Ranunculus bulbosus, Pimpinella saxifraga, Daucus carota, Platanthera chlorantha, Plantago media, Knautia arvensis, Primula veris, Leontodon hispidus, Bromus erectus, Sanguisorba minor, Briza media, Carex caryophyllea, Carex flacca, Stachys officinalis, Vincetoxicum hirundinaria, Centaurea scabiosa, Lathyrus pratensis, Ononis repens, Trisetum flavescens, Carex spicata,... Certaines zones sont piquetées de ligneux: Crataegus monogyna, Prunus spinosa, Acer campestre,...

- des prairies de fauche de basse altitude peu à moyennement fertilisées occupent les zones moins pentues de la réserve. Les prairies les plus maigres, les plus abondantes, sont dominées par le fromental (Arrhenatherum elatius) alors que celles au sol plus riche sont plutôt caractérisées par une dominance du vulpin des prés (Alopecurus pratensis). On y observe une grande variété d'espèces végétales dont Ranunculus acris, Heracleum sphondylium, Crepis biennis, Veronica chamaedrys, Trifolium pratense, Plantago lanceolata, Rumex acetosa, Bromus hordeaceus, Tragopogon pratensis, Cynosurus cristatus, Trifolium repens, Cerastium fontanum.

- des mises à blanc, clairières, trouées récentes en milieu calcaire mésique à xérique ont été récemment effectuées au niveau de deux fourrés épineux. La mise à nu temporaire du sol permet l'apparition de plusieurs espèces d'orchidées: Ophrys fuciflora, O. insectifera, Orchis militaris, O. mascula, Platanthera bifolia, P. chlorantha,... On y note également d'autres espèces telles Hieracium murorum, Stachys sylvatica, Anemone nemorosa, Alliaria petiolata, Polygonatum multiflorum, Melica uniflora, Mercurialis perennis, Ranunculus ficaria, Helleborus foetida, Carex sylvatica, Ranunculus serpens subsp. nemorosus, etc.

- des ourlets mésophiles occupent la bordure des pelouses, en lisière des boisements. On y note notamment Inula conyzae, Orchis mascula, Geranium dissectum, Aquilegia vulgaris et Vincetoxicum hirundinaria.

Les milieux liés à la dynamique forestière

Ils relèvent de plusieurs types différents. Il s'agit essentiellement:

- de haies bien développées, riches en espèces, composées de Prunus spinosa, Crataegus monogyna, Rosa canina, Euonymus europaeus, Corylus avellana, Carpinus betulus, Prunus avium,...

- de fourrés sur sols neutroclines à acidoclines, frais dominés par Crataegus monogyna, Cornus sanguinea, Corylus avellana, Prunus spinosa, Quercus robur, avec une strate herbacée composée d'Aquilegia vulgaris, Carex flacca, Helleborus foetidus, Dryopteris filix-mas, Senecio ovatus, Asplenium scolopendrium, Sanicula europaea, Convallaria majalis,...

- d'éléments de forêts méso- et eutrophes à Quercus, Carpinus, Fraxinus, Acer, Tilia, Ulmus et forêts apparentées.

Intérêt mycologique:

Un total des 17 espèces de mycètes ont été recensées à ce jour sur la réserve naturelle de Derrière chez Mélanie. Tous les hygrophores, entolomes et petites clavaires des prés maigres présents dans la réserve sont menacés à cause de la raréfaction de leur habitat. L'enjeu mycologique est surtout présent dans la partie orientale de la réserve où il serait possible de retrouver le cortège des champignons des prés maigres à hygrophores et entolomes, dont une partie des espèces est encore présente sur le site.

Notons en outre la présence d'une espèce rare, Marasmius epiphylloides, se développant sur les feuilles de lierre (obs. L. Bailly).

Histoire du site

Il semble que jadis, comme l'atteste l'ancienne carte de Ferraris (1770), l'actuelle réserve de Derrière chez Mélanie était en partie occupée par des cultures. Celles-ci, situées sur des terres rocailleuses et ingrates, ont sans doute été converties en herbages dans le courant du 19ème siècle. Le sentier traversant actuellement la réserve était à cette époque la voie de communication principale entre le hameau d'Aisne situé dans la vallée et le village de Villers-Sainte-Gertrude situé sur le plateau. La carte de Vandermaelen (1850) nous montre quant à elle qu'un sentier de jonction existait également au niveau du vallon au nord-ouest de la réserve.

La carte de Ferraris indique également que les agglomérations d'Aisne et Villers étaient entourées de prés-vergers et de potagers. Le Bois de Villers constituait déjà un important massif forestier.

Durant les cinquante dernières années, les coteaux de la vallée de l'Aisne firent l'objet de reboisements artificiels (pins noirs notamment), d'autre étant abandonnés et se reboisant spontanément. Les prairies bocagères et pelouses calcaires de la réserve de Derrière chez Mélanie sont une des rares reliques de milieux ouverts extensifs n'ayant pas fait l'objet d'intensification agricole.

Le programme d'acquisition des terrains de la réserve de Derrière chez Mélanie par l'ASBL «Réserves Naturelles–RNOB» a débuté en 2011, dans le cadre du projet Life Hélianthème.

Divers

Sources

Réserves naturelles RNOB - Natagora

OFFH (encodage en ligne)

Répondants de l'information

J. Taymans (Natagora)

Date de la dernière modification de la fiche

2019-11-21