Intro
Brève description
Le terme lande désigne une formation dominée par des ligneux bas de type éricoïde (arbrisseaux nains sempervirents) : callune (Calluna vulgaris), bruyères (Erica sp.), vacciniées (Vaccinium sp.), genêts et ajoncs (Genista sp. Ulex sp., Cytisus sp.)... En Europe, les landes sont limitées à la façade atlantique, depuis le nord ouest de l'Espagne jusqu'aux régions côtières de la Norvège méridionale. Au sein de leur aire de distribution, les landes présentent la plus grande richesse spécifique dans le domaine atlantique et surtout dans le domaine ibéro-atlantique (Galice : 15 espèces de genistées, 12 d'éricinées), le nombre d'espèces diminuant du sud vers le nord et au fur à mesure que l'on s'éloigne des côtes. Les landes atlantiques sont marquées par la présence d'ajoncs (Ulex sp.). En Région Wallonne, les landes se rattachent aux landes subatlantiques et se distinguent essentiellement sur base du régime hydrique : landes sèches (Calluna vulgaris, Genista pilosa, G.anglica) versus landes humides à paratourbeuses (Erica tetralix, Calluna vulgaris). La présence des vacciniés (Vaccinium uliginosum, V.myrtillus, V.vitis-idaea) semble quand à elle liée au climat montagnard ou subboréal et se marque surtout en Haute-Ardenne.
Localisation en Région wallonne
- Limoneuse : Présent
- Condroz : Absent
- Fagne-Famenne : Très rare
- Ardenne : Présent
- Jurassique : Présent
Ecologie
Physionomie
La lande représente un des plus anciens paysages de l'Europe occidentale. Elle se présente sous la forme de milieux ouverts où alternent des plages plus ou moins étendues, denses, de callune, de bruyère avec des zones plus herbeuses. Des arbres ou arbustes isolés parsèment la lande : pin sylvestre, bouleaux, genévriers... Dans un passé récent (19°s.) et encore aujourd'hui dans certaines aires protégées ou dans d'autres régions d'Europe, les landes ont constitué une des composantes principales des paysages, couvrant des milliers, voir des dizaines de milliers d'hectares d'un seul tenant. Au début du 19° siècle, la lande occupait par exemple 28.000 ha sur les 48.000 que compte le plateau des Tailles. Actuellement, elle en occupe moins de 100, l'essentiel de la superficie ayant soit été transformée en pâturage plus intensif, soit afforesté.Sont regroupés ici aussi bien les fragments de lande qui se développent / subsistent en lisière de peuplement, dans les petites trouées forestières ou sur des affleurements rocheux que les landes plus étendues.
Synonymie avec la typologie CORINE
- <est une partie de 31. - Landes et fourrés tempérés
- >partiellement concerné par 31.1 - Landes humides
- >partiellement concerné par 31.2 - Landes sèches
Biotopes avec lesquels une confusion est possible
Nardaies (E1.7, E3.52) : les nardaies sont dominées par les herbacées et pas par des éricoides
Molinaies (E3.51) : les faciès de dégradation des landes, dominées par la molinie, font l'objet d'une catégorie à part parmi les landes (F4.13) et ne sont pas rangées parmi le molinion.
Tourbières et bas marais acides (D1, D2.2) : le risque de confusion est particulièrement important avec les tourbières dégradées, asséchées en surface, envahies par Calluna vulgaris, Empetrum nigrum, Molinea caerulea... La distinction se base sur l'importance de la couche de tourbe. En dessous de 10 cm de tourbe, on se trouve dans les landes paratourbeuses.
Sarothamnaies (F3.14) : contrairement à d'autres auteurs (Bournérias 2001, Gloaguen 1988, Mertz 2000) la classification Eunis classe les formations dominées par Cytisus scoparius parmi les fourrés et pas parmi les landes.
Séparation entre les landes en mauvais état de conservation et les stades forestiers pionniers. Lors de la phase de cartographie, on notera l'état de la végétation actuelle, en recourant aux complexes d'habitats pour renseigner une lande en évolution vers un fourré ou une pinède sur lande. Le taux d'embroussaillement intervient ultérieurement lors de la phase d'évaluation des états de conservation.
Code | Nom résumé WalEUNIS | Commentaires |
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D1 | Tourbières hautes et tourbières de couverture | |
D2.2 | Bas-marais acides | |
E1.7 | Nardaies | |
E3.51 | Prairies humides oligotrophes | |
E3.52 | Nardaies paratourbeuses | |
F3 | Fourrés tempérés et méditerranéo-montagnards | |
F3.1 | Fourrés (hors buxaies et genévrières) | |
F3.13 | Fourrés de colonisation des sols pauvres, acides | |
F3.14 | Sarothamnaies | |
F3.16 | Genévrières | |
F3.16a | Fourrés à [Juniperus communis] sur landes | |
Habitats de la même série dynamique
Sous nos conditions climatiques actuelles, les landes ne sont climaciques que sur le littoral, en bord de falaise, ou dans les tourbières avec des extensions temporaires dans les forêts claires, pionnières, de bouleaux, les trouées de chablis... Pour le reste il s'agit de formations végétales régressives, établies sur les forêts ruinées ou détruites par l'activité humaine : coupes de bois, pâturage, brûlis, cultures... Une fois les landes abandonnées, la nature et la facilité de la recolonisation ligneuse va dépendre de plusieurs facteurs :
- la persistance d'un pâturage naturel par la grande faune sauvage, en particulier par le lapin. En de nombreux endroits, le début de la recolonisation ligneuse est liée à l'arrivée de la myxomatose
- la densité du couvert herbacé. Plusieurs espèces présentes dans les landes (canche flexueuse, molinie, fougère aigle) forment des peuplements très dense, monospécifiques, où la colonisation ligneuse est très difficile. Souvent, une perturbation est nécessaire pour lancer la série dynamique (incendie, étrepage...)
- dans certaines conditions, la lande aurait favorisé le développement d'un podzol, avec constitution d'un alios en profondeur. Le sol peut être dès lors suffisamment dégradé pour limiter le retour de la forêt, en tout cas celui du hêtre
- la fréquence des perturbations : incendie, chablis... qui peuvent permettre aux espèces des landes de se maintenir temporairement dans un milieu forestier
Code | Nom résumé WalEUNIS | Relation | Nom de la série | Commentaires |
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G1.51 | Boulaies tourbeuses à sphaignes | | | |
G1.61 | Hêtraies acidophiles médio-européennes | | | |
G1.62 | Hêtraies acidophiles atlantiques | | | |
G1.81 | Chênaies pédonculées à bouleau | | | |
G1.8a | Chênaies pédonculées à bouleau pubescent médio-européennes | | | |
G1.A15 | Chênaies-charmaies famenniennes | | | |
Conservation
Mesures de gestion favorables
Lutte contre la recolonisation ligneuse par le pâturage, la fauche ou le brûlis. Quelque soit le mode de gestion choisi, on veillera à l'appliquer en rotation, ne gérant qu'une partie de la superficie annuellement. On veillera également à permettre la présence des différents stades de vieillissement de la callune.
D'une durée de vie de 25 à 35 ans, la callune se régénère soit via la germination de son importante banque de graine, à l'occasion d'une perturbation (incendie, étrepage, ouverture du couvert par la fauche ou le pâturage, gyrobroyage), soit végétativement par la formation de rejets issus de bourgeons dormants situés à la base de la tige. Cette faculté est la meilleure pour les callunes âgées de 6 à 10 ans et décline par après. La gestion doit donc être adaptée pour assurer la régénération des espèces constitutives de la lande.
La restauration est envisageable sous certaines conditions.
Menaces potentielles
Envahissement par la molinie, la fougère aigle ou la canche flexueuse
Abandon suivi d'une recolonisation ligneuse, plantation forestière, en pin sylvestre, épicéa ou douglas le plus souvent.
Drainage, eutrophisation via les apports en azote atmosphérique, surexploitation, brûlis trop fréquent. Attaques de phytophages sur la callune (Lochmea suturalis Thomson en secteur atlantique...). Sécheresse hivernale (sol gelé empêchant l'alimentation en eau).
Faciès anthropiques
Si, lors des périodes glaciaires, les landes ont occupé naturellement de vastes superficies, leur développement depuis le 8° - 5° siècle av. JC. est lié aux activités humaines. Dans les régions de lande s'était développé tout un système agro-pastoral basé sur le pâturage itinérant, essentiellement ovin, de la lande, sa fauche et son étrépage ainsi que sur des cultures de seigle, de pomme de terre... Le pâturage permettait de limiter la recolonisation ligneuse tandis que les incendies ou l'écobuage permettaient la régénération de la callune. L'écobuage consistait à étréper la lande puis à brûler, sur place ou après exportation sur un champ, la matière organique ainsi récoltée pour enrichir le sol et permettre la culture de céréales ou de pomme de terre (transfert de fertilité)
Actuellement, en Région Wallonne, les plus vastes et les plus représentatives étendues de landes se retrouvent dans les terrains militaires, où l'absence de spéculation agricole ou sylvicole intensive et les incendies occasionnelles ont permis le maintien des landes.