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L'échinococcose alvéolaire

Fréquence

Fréquence dans le monde

  • L'échinococcose humaine est une zoonose causée par un ténia du genre Echinococcus, et les deux formes principales de la maladie sont l'échinococcose kystique (ou maladie hydatique, due à Echinicoccus granulosus) et l'échinococcose alvéolaire, provoquée par Echinococcus multilocularis.
  • L'échinococcose kystique se retrouve sur tous les continents (excepté l'Antarctique), alors que l'échinococcose alvéolaire se cantonne à l'hémisphère Nord (surtout en Europe continentale, Fédération de Russie, une partie de la Chine et l'Amérique du Nord).
  • Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, on estime que plus d'un million de personnes vivraient avec l'une des 2 formes de la maladie, provoquant une morbidité importante (syndromes cliniques sévères).

Fréquence chez nous

  • L'échinococcose alvéolaire est une maladie parasitaire grave, heureusement rare, mais émergente en Belgique. On observe un nombre croissant de renards porteurs du parasite, ainsi qu'une augmentation des cas d'échinococcose alvéolaire tant chez l'homme que chez les animaux de compagnie.
  • Une étude réalisée en 2008 par Hanosset et coll. a mis en évidence, via des autopsies de renards, une prévalence moyenne d'E. multilocularis de 25 % en Wallonie, avec des incidences plus marquées dans les régions de la Lorraine Belge, les Ardennes et la région de la Fagne-Famenne-Calestienne (jusqu'à 62 % de renards contaminés dans cette dernière).
  • Vu ce réel problème de santé publique, un groupe multidisciplinaire de recherche et de traitement, le groupe ECHINO-LIEGE, s'est créé, une collaboration du CHU de Liège et de la Faculté de médecine vétérinaire de Liège.

graphe_echinococcus

Nombre de cas humains (diagnostiqués) d'échinococcose alvéolaire en Belgique.

Contamination

Agent responsable

  • Echinococcus multilocularis est un petit vers plat (cestode) dont la forme adulte vit dans l'intestin du renard et autres carnivores (chiens, chats).
  • Les œufs, excrétés par milliers et sources de contamination, sont très résistants dans l'environnement, surtout dans les régions froides et humides comme les Ardennes (survie jusqu'à 8 mois). Ils ne sont pas éliminés par simple lavage des aliments, ni détruits par une congélation domestique (congélateur classique à -18°C). Seules la cuisson pendant 5 minutes à 70°C ou une congélation à -80°C pendant 48h sont efficaces.

Animal réservoir

Le ténia du renard, Echinococcus multilocularis, a besoin de 2 hôtes pour compléter son cycle sylvatique:

  • L'hôte définitif est, dans nos régions, le renard, qui abrite dans son intestin la forme adulte du parasite E. multilocularis, et excrète les œufs via ses matières fécales. Il faut noter, depuis une trentaine d'années, une augmentation de la population des renards en Belgique, avec une présence plus marquée en zone urbaine et péri-urbaine, et en conséquence sans doute des contacts plus fréquents avec les animaux domestiques et leur environnement.
  • Les hôtes intermédiaires sont des petits rongeurs (campagnol terrestre, campagnol des champs) et certains insectivores (musaraignes). Un autre hôte intermédiaire potentiel est le rat musqué (espèce exotique envahissante)

Un cycle domestique implique les chiens et les chats qui hébergent également la forme adulte du ténia dans leur intestin et vont excréter des milliers d'œufs dans leurs matières fécales. La détention d'un chien constitue un facteur de risque important.

Mode de contamination

Chez l'animal :

  • Chez l'animal, la contamination des rongeurs se fait par l'absorption d'œufs lors de la consommation de végétaux souillés par des matières fécales de l'hôte définitif, le renard (ou d'autres carnivores).
  • Quant aux carnivores, ils s'infectent lors de l'ingestion de rongeurs porteurs de larves.

Chez l'homme :

L'homme est un hôte accidentel susceptible de s'infecter en ingérant des oeufs du parasite

  • Soit lors de la consommation de fruits sauvages (petits fruits des bois cueillis à moins de 50 cm du sol), champignons ou légumes, souillés par des déjections animales.
  • Soit par contact direct avec des œufs collés sur le pelage des chiens, chats ou renards,  ou encore contact avec des œufs présents dans leurs matières fécales.
  • Soit après manipulation de terre (agriculture, jardinage)

Symptômes

  • L'hôte définitif peut être porteur asymptomatique.
  • Chez les carnivores domestiques, les signes cliniques sont rares; le chien peut accidentellement être un hôte intermédiaire, et développer une maladie invasive hépatique semblable à celle développée par l'homme.
  • Chez les rongeurs, le développement du parasite au sein du foie entraîne une faiblesse qui facilite sa capture par l'hôte définitif.
  • Chez l'humain, la maladie est caractérisée par une période d'incubation asymptomatique dont la durée varie de 5 à 15 ans.  Les larves vont éclore dans l'intestin, envahir la muqueuse intestinale et, par voie sanguine ou lymphatique, se diriger le plus souvent vers le foie. Les lésions se développent très lentement dans le foie (la lésion ressemble à une tumeur) et d'autres organes peuvent être atteints (rate, poumons, cerveau...). En l'absence de traitement, l'échinococcose continue à progresser jusqu'au décès. Le traitement est lourd et compliqué, nécessitant parfois une intervention chirurgicale et un traitement médicamenteux sur le long terme.

Recommandations:

  • La vermifugation ciblée des chiens sera préconisée dans les zones à risque.
  • Selon des études européennes et japonaises, le déparasitage des hôtes définitifs sauvages ou errants au moyen d'appâts contenant des anthelminthiques a permis d'obtenir des baisses significatives de prévalence d'Echinococcus multilocularis chez les renards (Takahashi et al., 2013 ; Hegglin et al., 2003).

Animal-homme

Chez l'animal

Chez l'homme

Cibles

Espèces hôtes :

  • Définitifs: Carnivores (renard, chien viverrin, raton?, loup, chien, chat)
  • Intermédiaires: Rongeurs sauvages (campagnols), petits insectivores (musaraignes), rats musqués

Activités professionnelles à risque :

  • Contact avec espèces infectées (renards, chiens, chats)
  • Contact avec terre, végétaux de faible hauteur (myrtilles, fraises, pissenlits ...)

Fréquence des cas

  • Renard: une prévalence moyenne de 25% de renards porteurs du parasite en Wallonie

  • Rare, mais augmentation des cas. Cas plus fréquents dans les provinces de Liège et Luxembourg
  • EU: Réseau de surveillance http://www.eurechinoreg.org

Signes cliniques

  • Généralement sans symptôme chez les hôtes définitifs.
  • Accidentellement maladie hépatique chez le chien, semblable à celle de l'homme
  • Atteinte du foie chez les hôtes intermédiaires

  • Longue incubation (plusieurs années) sans symptômes avec envahissement progressif du foie – décès si absence de traitement.
  • Signes cliniques aspécifiques: mauvais état général, douleurs abdominales, ictère

Statut

Transmission et cycle

Voie digestive

  • Carnivores: ingestion de rongeurs infectés
  • Rongeurs: ingestion d'aliments ou d'eau souillés par des excréments de carnivores infectés

  • Voie digestive: en portant à la bouche des mains contaminées par des œufs du parasite présents sur des végétaux, sol, pelage ...; en ingérant des végétaux contaminés (légumes, baies, champignons, ...)

Mesures de prévention

  • Traitement systématique des chiens et chats par un vermifuge efficace.
  • Contrôle des populations de rongeurs et de renards.

Respecter les règles d'hygiène :

  • Se laver les mains, après un contact avec des animaux ou déjections animales
  • Avant les repas
  • Laver et désinfecter les plaies
  • Porter des vêtements de travail et un équipement de protection individuelle changés ou nettoyés régulièrement: gants, bottes, masque
  • Laver et cuire les plantes ou les fruits poussant près du sol

Clôturer son potager

Cycle (image)

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