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4 - Mares de Ben-Ahin

Site de Grand Intérêt Biologique (SGIB)

Synonymes :Bois de Goesnes / Réserve naturelle Comte Ferdinand d'Ursel
Communes :Huy
Cantonnements DNF :Liège
Surface :5,4657 ha
Coordonnées :X Lambert : 206818 - Y Lambert : 133180
Voir la localisation avec la cartographie dynamique
Rappel : toute circulation en dehors de la voie publique requiert l'accord préalable du propriétaire ou de son délégué.

Intro

Brève description

Le site des Mares de Ben-Ahin s'étend sur la rive droite de la Meuse, un peu en amont de Huy. Il comporte d'une part des étangs, mares et marécages, et d'autre part, un versant abrupt et boisé. La zone humide s'est formée suite à l'extraction industrielle d'argile à tuile, abandonnée vers 1926. Les fosses épuisées étaient laissées à l'abandon et se remplissaient progressivement d'eau provenant de la nappe phréatique, du ruisseau de Gives et de suintements sourdant au pied du versant. Déjà à la fin du 19ème siècle, les mares de Ben-Ahin étaient très fréquentées par les botanistes de la région, qui connaissaient bien leur richesse floristique. La plupart des espèces observées à cette époque se sont d'ailleurs maintenues jusqu'à nos jours, y compris plusieurs cypéracées très rares dans la vallée de la Meuse comme la laîche raide (Carex elata), la laîche vésiculeuse (Carex vesicaria), la laîche faux-souchet (Carex pseudocyperus), la laîche allongée (Carex elongata),... Mais la plante la plus intéressante est sans conteste le trèfle d'eau (Menyanthes trifoliata) qui se dissimule sous les aulnes dans des zones régulièrement inondées. Jadis, avant d'être transformée en pâturages puis en cultures, la plaine alluviale était occupée par des prés de fauche, dont la reine des prés (Filipendula ulmaria) et le pigamon jaune (Thalictrum flavum) en constituent des vestiges. Les saules forment ici et là des fourrés denses. Le versant de schiste houiller qui longe la zone humide est entièrement boisé. On y trouve une chênaie-hêtraie à luzule des bois, une chênaie à charme sur colluvions de bas de pente à corydale solide (Corydalis solida), abritant le rare polystic à soies (Polystichum setiferum), une frênaie alluviale et des fragments d'aulnaie à laîche allongée et à laîche raide. D'un point de vue faunistique, les mares se distinguent par leur intérêt odonatologique exceptionnel, avec 38 espèces de libellules recensées au cours des vingt dernières années, dont l'aeschne printanière (Brachytron pratense), la libellule fauve (Libellula fulva) ou encore l'agrion délicat (Ceriagrion tenellum) dont ce fut longtemps la seule localité wallonne connue. La végétation rivulaire accueille par ailleurs des hôtes plus discrets, tel le maillot des marais (Vertigo antivertigo), minuscule escargot très hygrophile et fort localisé dans la vallée de la Meuse. La plus grande partie de la propriété d'Ardenne et Gaume (soit 5,4 ha) constitue une réserve naturelle agréée depuis 2005.

Carto

Régions naturelles

  • E0 - Sillon sambro-Mosan

Limites administratives

Ancienne(s) commune(s)SurfaceNouvelle(s) commune(s)Province(s)
Ben-Ahin3.27 haHUYLIEGE

Cantonnements DNF

Cantonnement(s)SurfaceDirection(s)
Liège3.27 haLiège

Mentions dans d'autres inventaires de sites

A compléter

Site classé

Site non classé.

Propriétaire(s)

Ardenne et Gaume a.s.b.l. (siège social : rue des Croisiers, 8, 5000 Namur).

Privé(s) Non  ONG Oui  Communes Non  Région Non  Autres publics Non

Gestionnaire

Conservateur: Xavier Vandevyvre, rue de Saint-Hubert, 518, 5300 Vezin (gsm: 0473/653019).

Sites protégés

Code du siteNom du siteSurface
6735Ben-Ahin3,27 ha

Espèces

Espèces de valeur patrimoniale

TaxonStatut de protectionListe rougeStatutAnnéeRep*ProtectionSource
Animaux - Vertébrés - Oiseaux
Accipiter gentilisOuiNonRareX. Vandevyvre et al.
Accipiter nisusOuiNonNicheur local2014X. Vandevyvre et al.
Acrocephalus palustrisOuiNonNicheur2014X. Vandevyvre et al.
Alcedo atthisOuiNonNicheur2014N. Titeux, X. Vandevyvre et al.
Columba oenasOuiNonNicheur2014X. Vandevyvre
Cuculus canorusOuiOuiNicheur2014X. Vandevyvre
Dendrocopos minorOuiNonNicheur possible2014X. Vandevyvre
Falco tinnunculusOuiNonNicheur local2014X. Vandevyvre et al.
Fulica atraNonNonNicheur2014X. Vandevyvre
Gallinago gallinagoOuiOuiMigrateur-hivernant
Gallinula chloropusOuiNonNicheur2014X. Vandevyvre
Pernis apivorusOuiNonNicheur local2014X. Vandevyvre et al.
Animaux - Vertébrés - Amphibiens
Pelophylax kl. esculentusOuiNonPrésence2008H. Titeux
Rana temporariaOuiNonreproduction2009CT. Kinet
Animaux - Vertébrés - Reptiles
Anguis fragilisOuiNon2007M. Garin
Natrix natrixOuiOuiPrésence2010X. Vandevyvre
Invertébrés - Insectes - Papillons diurnes
Apatura irisNonNon1 ex.1997GT Lycaena (P. Goffart)
Brenthis daphneNonNon2014Observation.be
Carcharodus alceaeNonNonreproduction2007CX. Vandevyvre
Limenitis camillaNonNon2000GT Lycaena (H. Titeux)
Melanargia galatheaNonNonpetite population2007BX. Vandevyvre
Invertébrés - Insectes - Libellules
Aeshna isocelesOuiOuierratique2010CM. Maingeot
Brachytron pratenseOuiOui2-10 ex.2014ADivers obs.
Ceriagrion tenellumOuiNon1-7 ex.2014ADivers obs.
Coenagrion pulchellumOuiOui5-100 ex.2014ADivers obs.
Erythromma lindeniiNonNon2013ADivers obs.
Erythromma viridulumNonNon2013BDivers obs.
Libellula fulvaOuiNon5-15 ex.2014ADivers obs.
Orthetrum brunneumNonNon2012Divers obs.
Orthetrum coerulescensOuiNon2017ADivers obs.
Sympecma fuscaOuiNon2007ADivers obs.
Sympetrum flaveolumNonNon1ere obs. en 20142014M. Maingeot, D. Houbrechts
Invertébrés - Mollusques
Vertigo antivertigo2012X. Vandevyvre
Plantes - Plantes supérieures
Buxus sempervirens2002J. Saintenoy-Simon
Carex acuta2002J. Saintenoy-Simon
Carex elataAbondant2002J. Saintenoy-Simon
Carex elongata2002J. Saintenoy-Simon
Carex paniculata2002J. Saintenoy-Simon
Carex pseudocyperus2002J. Saintenoy-Simon
Carex vesicaria2002J. Saintenoy-Simon
Hottonia palustrisDéclin !2002AJ. Saintenoy-Simon
Menyanthes trifoliata2010AX. Vandevyvre
Salix atrocinerea2002J. Saintenoy-Simon
Taxus baccataStation indigène2002J. Saintenoy-Simon
Thalictrum flavum2002J. Saintenoy-Simon

Commentaires sur la faune

Mammifères (données X. Vandevyvre et al. 2005-2014): Ondatra zibethicus, Sus scrofa.

Oiseaux (données X. Vandevyvre et al. 2005-2014): Accipiter gentilis, Accipiter nisus, Acrocephalus palustris (N), Acrocephalus scirpaceus, Aegithalos caudatus (N), Aix galericulata, Aix sponsa, Alauda arvensis (N?), Alcedo atthis (N), Anas platyrhynchos (N), Anthus pratensis, Anthus spinoletta, Anthus trivialis, Apus apus, Ardea alba, Ardea cinerea, Branta canadensis (N), Buteo buteo, Carduelis cannabina, Carduelis carduelis (N), Carduelis chloris (N), Carduelis flammea, Carduelis spinus, Certhia brachydactyla (N), Ciconia ciconia, Coccothraustes coccothraustes, Columba livia domestica, Columba oenas (N), Columba palumbus (N), Corvus corone, Corvus frugilegus, Corvus monedula (N), Cuculus canorus (N), Delichon urbicum, Dendrocopos major, Dendrocopos minor (N), Dryocopus martius, Emberiza citrinella, Emberiza schoeniclus, Erithacus rubecula (N), Falco subbuteo, Falco tinnunculus (N), Fringilla coelebs (N), Fringilla montfringilla, Fulica atra (N), Gallinago gallinago, Gallinula chloropus (N), Garrulus glandarius, Hirundo rustica, Larus canus, Larus fuscus, Larus ridibunbus, Loxia curvirostra, Motacilla alba, Motacilla cinerea, Motacilla flava, Nycticorax nycticorax, Oriolus oriolus, Pandion haliaetus, Parus ater, Parus caeruleus (N), Parus cristatus, Parus major (N), Parus montanus (N), Parus palustris (N), Passer domesticus (N), Pernis apivorus, Phalacrocorax carbo, Phasianus colchicus, Phoenicurus ochruros (N), Phylloscopus collybita (N), Phylloscopus trochilus, Pica pica (N), Picus viridis, Prunella modularis (N), Pyrrhula pyrrhula, Rallus aquaticus, Regulus ignicapillus, Regulus regulus (N), Saxicola torquata (N?), Scolopax rusticola, Serinus serinus, Sitta europaea (N), Streptopelia decaocto (N), Streptopelia turtur, Strix aluco (N), Sturnus vulgaris (N), Sylvia atricapilla (N), Sylvia borin, Sylvia communis, Sylvia curruca, Tringa ochropus, Troglodytes troglodytes (N), Turdus iliacus, Turdus merula (N), Turdus pilaris, Turdus viscivorus (N), Vanellus vanellus.

Amphibiens (données H. Titeux; X. Vandevyvre 2010): Pelophylax kl. esculentus, Pelophylax ridibundus, Rana temporaria.

Reptiles (données H. Titeux; X. Vandevyvre 2010): Anguis fragilis, Natrix natrix, Trachemys scripta elegans.

Odonates (données divers obs. 1993-2014): Aeshna cyanea, Aeshna grandis, Aeshna isoceles, Aeshna mixta, Anax imperator, Anax parthenope, Brachytron pratense, Calopteryx splendens, Calopteryx virgo, Ceriagrion tenellum, Coenagrion puella, Coenagrion pulchellum, Coenagrion scitulum, Cordulia aenea, Crocothemis erythraea, Enallagma cyathigerum, Erythromma lindenii, Erythromma najas, Erythromma viridulum, Gomphus pulchellus, Ischnura elegans, Lestes sponsa, Lestes viridis, Libellula depressa, Libellula fulva, Libellula quadrimaculata, Onychogomphus forcipatus, Orthetrum brunneum, Orthetrum cancellatum, Orthetrum coerulescens, Platycnemis pennipes, Pyrrhosoma nymphula, Somatochlora metallica, Sympecma fusca, Sympetrum flaveolum, Sympetrum sanguineum, Sympetrum striolatum, Sympetrum vulgatum.

Lépidoptères rhopalocères (données divers obs. 205-2014): Aglais urticae, Apatura iris, Aphantopus hyperantus, Araschnia levana, Brenthis daphne, Carcharodus alceae, Gonepteryx rhamni, Limenitis camilla, Maniola jurtina, Melanargia galathea, Ochlodes sylvanus, Pieris rapae, Vanessa atalanta, Vanessa cardui.

Commentaires sur la flore

Plantes supérieures (données J. Saintenoy-Simon 1986): Alnus glutinosa, Anemone nemorosa, Angelica sylvestris, Arum maculatum, Betula pendula, Buxus sempervirens, Caltha palustris, Carex acuta, Carex acutiformis, Carex elata, Carex elongata, Carex paniculata, Carex pseudocyperus, Carex remota, Carex riparia, Carex sylvatica, Carex vesicaria, Ceratophyllum demersum, Corydalis solida,Corylus avellana, Deschampsia flexuosa, Dryopteris carthusiana, Epilobium hirsutum, Eupatorium cannabinum, Fagus sylvatica, Filipendula ulmaria, Frangula alnus, Fraxinus excelsior, Glyceria maxima, Hottonia palustris, Humulus lupulus, Ilex aquifolium, Iris pseudacorus, Lamium galeobdolon, Lemna minor, Lonicera periclymenum, Luzula pilosa, Luzula sylvatica, Lychnis flos-cuculi, Lycopus europaeus, Lythrum salicaria, Mentha aquatica, Menyanthes trifoliata, Mercurialis perennis, Milium effusum, Myosotis scorpioides, Myriophyllum verticillatum,Ornithogalum umbellatum, Oxalis acetosella, Phalaris arundinacea, Polysticum setiferum, Quercus robur, Ranunculus auricomus, Ranunculus circinatus, Ranunculus ficaria, Ranunculus flammula, Ribes nigrum, Ribes rubrum, Rubus sp., Rumex hydrolapathum, Salix atrocinerea, Salix aurita, Salix cinerea, Salix triandra, Salix x rubens, Sambucus nigra, Sambucus racemosa, Scutellaria galericulata, Solanum dulcamara, Sparganium erectum subsp. neglectum, Stellaria holostea, Symphytum officinale, Taxus baccata, Thalictrum flavum, Typha latifolia, Vaccinium myrtillus, Viburnum opulus.

Espèces exotiques

Animaux: Branta canadensis (1 couple nicheur; 40-50 ind. hors période de reproduction), Aix galericulata, Aix sponsa, Ondatra zibethicus, Pelophylax ridibundus, Trachemys scripta elegans.

Conservation

Objectifs de conservation

Protection d'un remarquable complexe de milieux humides devenus rarissimes dans la région et conservation de la faune et de la flore associées. Conservation d'une des dernières populations wallonnes des libellules Ceriagrion tenellum et Brachytron pratense.

Menaces

Les principales menaces sont

- L'évolution du milieu vers le boisement. Pour contenir la végétation, 1 ou 2 journées de gestion sont organisées annuellement par des bénévoles.

- La présence de poissons en densité importante et de toutes tailles menacent la végétation aquatique (déjà fortement réduite) ainsi que les pontes de batraciens et les libellules (larves aquatiques).

- La gestion des bords de cours d'eau (herbicide sur les talus, rejets eaux usées…)

- Les rejets issus des terrains agricoles proches. Actuellement, l'agriculteur a placé une tournière de 10m de large entre la culture et les mares; le maintien de ce "barrage naturel" est à encourager.

- les sangliers sont présents aux alentours et se servent des eaux peu profondes comme souilles.

- les espèces invasives (Bernache du canada, Grenouille rieuse)

Recommandations

Il est urgent de classer l'ensemble du site et il serait bon de conclure une convention avec le propriétaire des terrains situés en amont.

Plan de gestion

Le plan de gestion a été rédigé dans le cadre de la demande d'agrément (cf. SAINTENOY-SIMON, 2001).
Des peupliers ont été abattus en 2001.

Accès du public

Accès interdit au public non autorisé. Des visites guidées sont organisées de temps à autre. L'accès des scientifiques est soumis à autorisation.

Détails

Description physique

Le site se trouve dans la plaine alluviale de la Meuse, très large à cet endroit, au pied d'un versant très escarpé formé de schistes et grès du Houiller (au sud) et de calcaires Viséens (au nord). Il est formé d'un ensemble de pièces d'eau ("les mares") et de marécages établis à l'endroit d'anciennes exploitations de terre à tuiles.

Description biologique

La végétation du site des mares de Ben-Ahin est remarquablement variée. Elle a été étudiée notamment par SAINTENOY-SIMON (1982) et SAINTENOY-SIMON & ROUSSELLE (1986).

A - Autour et dans les étangs, mares et marécages, on observe:

- une végétation flottante à Lemna minor, peu importante;

- une végétation aquatique fixée à Myriophyllum verticillatum, Ceratophyllum demersum, Ranunculus circinatus et Hottonia palustris. Ces espèces n'ont cependant pas été revue depuis les années 1980. Hottonia palustris était encore très abondant il y a quelques années, mais un curage intempestif l'a pratiquement éliminé; l'espèce subsiste encore en aval de la réserve (c'est la dernière population connue en val de Meuse);

- une végétation plus ou moins amphibie à Menyanthes trifoliata (unique station mosane de cette espèce plus typiquement ardennaise!);

- des roselières à Typha latifolia, à Glyceria maxima, à Phalaris arundinacea, à Iris pseudacorus, à Sparganium erectum subsp. neglectum, à Rumex hydrolapathum;

- des magnocariçaies qui rassemblent des cyperacées extrêmement rares dans la vallée de la Meuse. Ainsi, aux côtés de taxons relativement courants comme Carex acuta, Carex acutiformis, Carex riparia, Carex remota, on trouve à Ben-Ahin des formations de laîches devenues exceptionnelles dans la région tels que Carex elata, Carex pseudocyperus, Carex paniculata, Carex vesicaria; dans l'aulnaie, on note en plus Carex elongata;

- des saulaies occupant les zones régulièrement inondées lors des fortes pluies. De nombreuses espèces de saules (et différents hybrides) s'y rencontrent: Salix aurita, S. cinerea, S. atrocinerea, S.triandra, S. x. rubens;

- une aulnaie fragmentaire, réfugiée sur les étroites séparations entre les mares et le long du ruisseau de Gisves et une aulnaie relativement étendue située au pied du versant. La première est une aulnaie à Carex remota et C. elongata dans laquelle on rencontre Scutellaria galericulata, Solanum dulcamara avec quelques arbustes et plantes grimpantes typiques comme Frangula alnus, Viburnum opulus, Ribes rubrum, R. nigrum, Humulus lupulus,... La seconde aulnaie, quasi inaccessible, est envahie par une vaste magnocariçaie;

- une mégaphorbiaie plus ou moins fragmentaire riche en Filipendula ulmaria, Lythrum salicaria, Epilobium hirsutum, Angelica sylvestris, Lycopus europaeus, Eupatorium cannabinum, Symphytum officinale, Mentha aquatica et abritant également une magnifique population de Thalictrum flavum, espèce jadis abondante dans les prairies de fauche des plaines alluviales, mais actuellement cantonnée dans les rares fragments de berges encore plus ou moins naturelles de la Meuse;

- des peuplements de Caltha palustris, Lychnis flos-cuculi, Myosotis scorpioides, Ranunculus flammula,...

B - Sur le versant boisé (bois de Goesnes):

- une chênaie et chênaie-hêtraie établie sur le sommet, à strate herbacée dominée par Luzula sylvatica, avec en outre Dryopteris carthusiana, Luzula pilosa, Vaccinium myrtillus, Deschampsia flexuosa, ..

- des ronciers occupant les replats du versant, melés de Sambucus racemosa et de Lonicera periclymenum;

- une chênaie-charmaie à Betula pendula et Ilex aquifolium, à strate herbacée pauvre;

- une chênaie-charmaie mésophile occupant les colluvions à strate arbustive comprenant Corylus avellana, Sambucus nigra et avec dans la strate herbacée Arum maculatum, Lamium galeobdolon, Mercurialis perennis, Ranunculus ficaria, R. auricomus, Milium effusum, Stellaria holostea, Anemone nemorosa, Oxalis acetosella, Corydalis solida, Ornithogalum umbellatum, ainsi que diverses fougères dont le rare Polysticum setiferum;

- une frênaie formant une galerie le long du chemin bordant le bas du versant. On y rencontre notamment Carex sylvatica, Ranunculus ficaria,...; lors des crues, la limite extrême des dépôts d'alluvions se situe à ce niveau; cette frênaie se raccorde aux groupements de la plaine alluviale proprement dite (aulnaie à Carex elongata et à C. elata).

La faune aquatique est très bien représentée, les mares de Ben-Ahin constituant un des derniers milieux humides de la vallée mosane entre Namur et Liége.

Les mares de Ben-Ahin présentent un intérêt exceptionnel sur le plan odonatologique avec 31 espèces dont 20 reproductrices signalées par TITEUX (2000). Les inventaires ultérieurs ont fait monter ce nombre à 38 espèces, soit plus de la moitié de la faune belge, ce qui en fait un site majeur en Wallonie. A ce titre, il est aussi l'un des plus visités par les amateurs et photographes, ce qui ne va pas toujours sans mal pour ce milieu sensible.

L'espèce phare est sans doute l'agrion délicat (Ceriagrion tenellum) dont Ben-Ahin a longtemps constitué sa seule station wallonne (GOFFART et al., 2006). L'agrion gracieux (Coenagrion pulchellum), la libellule fauve (Libellula fulva), l'orthétrum bleuissant (Orthetrum coerulescens), l'aeschne printanière (Brachytron pratense) et le leste brun (Sympecma fusca) sont les autres espèces d'intérêt patrimonial présentes dans la réserve.

Récemment, plusieurs autres espèces sont apparues sporadiquement sur le site, en particulier l'aeschne isocèle (Aeshna isoceles), très occasionnel au niveau régional et observé en 2010 seulement, l'orthétrum brun (Orthetrum brunneum), une espèce jadis très localisée en Wallonie mais de plus en plus présente depuis une vingtaine d'années, et le sympétrum jaune d'or (Sympetrum flaveolum), fort rare dans la vallée de la Meuse et noté pour la première fois en 2014.

L'évolution du peuplement odonatologique jusqu'en 2011 a été analysée en détail par MOTTE et al. (2012) qui ont montré que la diversité spécifique a très peu varié au cours du temps, depuis le début des observations sur le site (années 1990).

En dehors des libellules, les autres groupes d'invertébrés aquatiques n'ont encore jamais fait l'objet d'études.

D'après un rapport de synthèse réalisé en 2014 par X. Vandevyvre, conservateur de la réserve naturelle, l'avifaune de Ben-Ahin est constituée de près de 100 espèces, principalement forestières et paludicoles. Quarante d'entre-elles sont considérées comme nicheuses régulières sur le site ou à proximité immédiate, et trois comme nicheuses possibles. La zone humide accueille notamment le martin-pêcheur d'Europe (Alcedo atthis), la gallinule poule d'eau (Gallinula chloropus), la foulque macroule (Fulica atra), le canard colvert (Anas platyrhynchos), la mésange nonnette (Parus palustris), la rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris), le coucou gris (Cuculus canorus), etc. Trois palmipèdes exotiques sont également présents sur le site: la bernache du Canada (Branta canadensis), nicheuse depuis quelques années, ainsi que le canard mandarin (Aix galericulata) et le canard carolin (Aix sponsa) qui sont régulièrement notés mais sans indices de reproduction.

D'autres espèces plus forestières se reproduisent également dans les limites du site, dont la chouette hulotte (Strix aluco), le grimpereau des jardins (Certhia brachydactyla), le pigeon colombin (Columba oenas), le roitelet huppé (Regulus regulus), la grive draine (Turdus viscivorus), la sittelle torchepot (Sitta europaea), le verdier d'Europe (Carduelis chloris), le pic épeichette (Dendrocopos minor), l'accenteur mouchet (Prunella modularis), l'étourneau sansonnet (Sturnus vulgaris), la mésange à longue queue (Aegithalos caudatus). On peut ajouter des nicheurs locaux qui fréquentent régulièrement la zone tels que la bondrée apivore (Pernis apivorus), le pic noir (Dryocopus martius), l'épervier d'Europe (Accipiter nisus) ou encore le bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula).

Les autres espèces d'oiseaux exploitent la réserve comme source de nourriture (rapaces e.a.), comme lieu de repos ou de halte migratoire, ou encore comme site d'hivernage. Certaines sont purement occasionnelles comme par exemple le rare bihoreau gris (Nycticorax nycticorax) noté en 2003, tandis que d'autres semblent être des hivernants rares comme le râle d'eau (Rallus aquaticus).

Les mares sont peuplées de plusieurs espèces de poissons qui ont été introduites pour la pratique de la pèche, en particulier des carpes (Cyprinus carpio).

Deux espèces de mammifères sont particulièrement actives sur le site. Le sanglier (Sus scrofa), en surdensité partout, utilise les zones marécageuses comme souille et occasionne de nombreux boutis en périphérie. Le rat musqué (Ondatra zibethicus), espèce d'origine nord-américaine, altère la végétation rivulaire et aquatique et fragilise les berges en creusant ses galeries.

Monument naturel

Anciennes mines de fer et de houille; anciennes fosses d'exploitation de terre à tuiles; ancienne carrière de calcaire viséen et de grès houiller.

Monument historique

Des silex taillés ont été trouvés dans les alluvions quaternaires à Ben-Ahin. Des vestiges gallo-romains existent également. Des ossuaires néolithiques ont été trouvés à peu de distance du site (bois de Frimont, Dessus Spiroux).

Histoire du site

D'après la carte de Ferraris, le site était occupé au 18ème siècle par des bois et longés par des cultures (les prés Brion).

Biblio

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, 2000, Les Odonates de la réserve de Ben-Ahin (vallée de la Meuse): bilan des relevés de 1993 à 2000., Gomphus, 16 (2) : 123-230.

Divers

Sources

RESNAT

Répondants de l'information

J. SAINTENOY-SIMON / H. & N. Titeux / Ph. GOFFART /

Date de la dernière modification de la fiche

2010-12-28