Les populations de sangliers ont fortement augmenté et colonisé progressivement les milieux agricoles et urbains, générant de nombreux conflits : dégâts aux cultures, risques sanitaires et collisions routières. L’écologie du mouvement du sanglier, c’est-à-dire ses modes de navigation, ses motivations et ses capacités de déplacement, est bien étudiée en milieu forestier, mais reste peu connue en plaine agricole. Cette étude analyse les trajectoires de sangliers équipés de colliers GPS en Wallonie, en se concentrant particulièrement sur les individus ayant accès à la plaine agricole. Elle montre que, bien que le sanglier reste très lié à l’écosystème forestier, il développe diverses stratégies pour tirer profit des ressources agricoles. Il est notamment capable de délocaliser son domaine vital de manière saisonnière. Il sélectionne certaines cultures (froment, maïs ou prairies) à des fins alimentaires, et sa présence en milieu ouvert est facilitée par l’utilisation de cultures fixatrices (maïs ou miscanthus). Le rythme d’activité diurne en plaine agricole est comparable à celui observé en forêt, mais les vitesses de déplacement y sont en moyenne plus élevées, tout comme la taille des domaines vitaux. Nos données indiquent cependant que le sanglier reste dépendant du couvert forestier, ne s’aventurant jamais très loin des lisières, sauf durant la période estivale. Mieux comprendre ses capacités d’adaptation et son écologie de mouvement permettrait d’améliorer la gestion, souvent problématique, du sanglier en milieu agricole.