

Cohabiter avec le raton laveur
Ce mammifère originaire d’Amérique du Nord occasionne de plus en plus de nuisances à mesure qu’il étend ses populations en Wallonie, au départ des populations noyaux installées dans les pays voisins. Il se rassemble volontiers aux abords des maisons. En dépit de sa bouille sympathique, cet animal gourmand s'attaque aux volailles et aux animaux domestiques, vandalise les poubelles, pille les potagers et les garde-mangers, s'installe dans les greniers, génère du tapage nocturne et peut se montrer agressif. Il est aussi porteur de maladies transmissibles à l'homme et aux animaux domestiques. Découvrez ici les mesures concrètes que vous pouvez adopter pour éviter les ennuis…
Nourrir les ratons laveurs : une fausse bonne idée !
Peut-être vous arrive-t-il de laisser sur le pas de votre porte des croquettes pour chat, du maïs ou des restes de repas à destination des ratons laveurs qui habitent près de chez vous ? Même si ce geste part d’une bonne intention, cet apport répété de nourriture peut être fatal à ces animaux et menacer votre santé ou celle de votre animal de compagnie !
Cet apport de nourriture « artificielle » permet au raton laveur de grandir rapidement, d’atteindre une taille corporelle importante et de produire de nombreux jeunes. De ce fait, les ratons des villes atteignent des densités jusqu’à dix fois plus importantes que celles que l’on observe dans les milieux forestiers. Ils paient toutefois un lourd tribut aux maladies et à la circulation automobile, qui constituent les principales causes de mortalité en milieu urbain.
© EEI_Tony, Dominique Henry & Tambako the Jaguar
Bon à savoir : la nourriture que l’homme met à disposition du raton laveur est mal adaptée à ses besoins nutritionnels car elle est trop riche en sucres rapides. Son ingestion répétée le rend dépendant à ce type d’aliments et peut lui porter préjudice en engendrant obésité, hyperglycémie, diabète, caries, etc. Ce qui affecte son bien-être et peut causer sa mort prématurée !
Les ratons laveurs se disputent fréquemment ce que l’on met à leur disposition et les morsures entre eux sont monnaie courante sur les lieux de nourrissage. Cette agressivité peut aussi se reporter sur les chiens ou les chats qui s’alimentent au même endroit… ou sur les personnes qui tentent de les apprivoiser. Aux Etats-Unis, des centaines de patients arrivent chaque année dans les services d’urgence des hôpitaux après avoir été mordus par des ratons laveurs.
Enfin, le risque de transmission de maladies et de parasites entre ratons laveurs augmente fortement autour des points de nourrissage qui peuvent se transformer assez vite en véritables bouillons de culture. Cette transmission peut se faire au travers des morsures qu’ils s’infligent ou via la consommation d’eau et d’aliments souillés par les urines ou les fèces, ce qui engendre à terme des mortalités massives au sein de leurs populations.
Soucis en pagaille
Tôt ou tard, le nourrissage répété des ratons laveurs cause beaucoup d’ennuis aux personnes qui en « prennent soin » ainsi qu’à leur voisinage. Attirés par les aliments, ils forment des rassemblements nocturnes autour des maisons et n’hésitent pas utiliser les chatières, les fenêtres, les greniers, les cheminées ou toute autre ouverture pour pénétrer à l’intérieur et aller piller les garde-mangers. Très bruyants, ils sont à l’origine de plaintes pour tapage nocturne. De nombreux témoignages montrent en outre qu’ils dévastent souvent les potagers ou les arbres fruitiers et s’attaquent aux chats, aux poules ou aux autres animaux domestiques situés à proximité des maisons. Ils consomment également les batraciens et les nichées des oiseaux qui fréquentent les jardins. Sans compter le fait que la nourriture mise à leur disposition attire également les rats d’égout et d’autres animaux nuisibles…
© Judy and Ed, Jeff-o-matic et Life on white
Que faire alors ?
Le principe de base pour éviter les nuisances du raton laveur est de ne pas le familiariser ou le nourrir en mettant des aliments à sa disposition, volontairement ou involontairement, ni de lui laisser accès à un abri potentiel (grenier, cabane de jardin, etc.).
Toute une série de mesures préventives peuvent être mise en place autour de votre maison pour le décourager :
- Poulaillers : nourrir les poules à l’intérieur du poulailler et bien fermer celui-ci pour la nuit
- Branches d'arbre : élaguer pour maintenir un écart à l'habitation de plus de 1 mètre
- Lucarnes et fenêtres : durant la nuit, limiter l'ouverture des fenêtres et autres entrées d'accès facile à un entrebâillement (oscillo-battant)
- Gouttières : installer un dispositif pour empêcher l'escalade et l'accès au grenier
- Fruits et nichoirs : apposer un dispositif anti-grimpe sur le tronc
- Chatières : bloquer la chatière durant la nuit
- Poubelles et compost : empêcher l'accès aux déchets alimentaires en prévoyant un contenant hermétique et sécurisé
- Nourriture : ne pas laisser de nourriture pour oiseaux ou animaux domestiques accessible à l'extérieur de la maison
- Bacs à sable : les couvrir lorsqu'ils ne sont pas utilisés
- Proximité : ne jamais toucher ni apprivoiser les ratons laveurs
Quelques astuces en prime
Mangeoires pour oiseaux :
- utiliser des mangeoires à suspendre,
- les fixer en hauteur à distance des branches pour les rendre inaccessibles,
- les nettoyer tous les 2 à 3 jours pendant le nourrissage,
- ne mettre que de petites quantités de graines à la fois.
© Kyle Bedell
© Etienne Branquart
Nichoirs pour oiseaux :
- installer le nichoir en hauteur, à plus de 2 mètres du sol,
- apposer systématiquement un dispositif anti-grimpe* sur le tronc,
- éviter l’accès par des arbres voisins (branches latérales),
- bien le nettoyer chaque année à l’automne.
* idéalement une bande en plastique lisse d’au moins 60 cm de haut à apposer sous le nichoir tout autour du tronc (voir photo).
Poubelles et composts :
- éviter les restes alimentaires dans les composts ouverts,
- sécuriser si possible les composts (grillage et couvercle),
- sortir les poubelles le jour du ramassage,
- fermer le couvercle des poubelles à clé (à voir avec votre intercommunale).
© Beekeepx
© Anthony Maw
Accès aux habitations et aux abris de jardin :
- éviter toute ouverture de plus de 8 centimètres de large,
- bien fermer les portes et les fenêtres,
- fermer les chatières durant la nuit,
- équiper les gouttières de dispositifs anti-grimpe.
En dernier recours
En dernier recours, si les mesures détaillées ci-dessus ne suffisent pas à réduire les conflits avec des ratons laveurs, il peut être envisagé de procéder à leur capture et à leur mise à mort.
Le propriétaire ou le gestionnaire d’une parcelle où évolue un raton laveur peut procéder au piégeage et à la mise à mort de celui-ci ou mandater une personne physique ou morale pour le faire, à condition de posséder des capacités techniques suffisantes et de s’engager au respect du bien-être animal (AGW du 15 septembre 2022).
Le piégeage du raton laveur est encouragé dans certaines communes fortement envahies, lesquelles mettent par exemple des cages de capture à disposition aux citoyens. Afin d’éviter tout stress inutile aux animaux, ces dispositifs doivent impérativement être relevés chaque matin et les animaux capturés doivent être mis à mort dans les plus brefs délais par une personne habilitée. Ces animaux ne peuvent être déplacés vivants et relâchés dans la nature.
Sources
- Altizer, S., Becker, D. J., Epstein, J. H., Forbes, K. M., Gillespie, T. R., Hall, R. J., ... & Streicker, D. G. (2018). Food for contagion: synthesis and future directions for studying host–parasite responses to resource shifts in anthropogenic environments. Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences, 373(1745), 2017010.
- Bateman, P. W., & Fleming, P. A. (2012). Big city life: carnivores in urban environments. Journal of zoology, 287(1), 1-23.
- Campbell, T. A., Long, D. B., & Shriner, S. A. (2013). Wildlife contact rates at artificial feeding sites in Texas. Environmental management, 51(6), 1187-1193.
- Demeny, K., McLoon, M., Winesett, B., Fastner, J., Hammerer, E., & Pauli, J. N. (2019). Food subsidies of raccoons (Procyon lotor) in anthropogenic landscapes. Canadian Journal of Zoology, 97(7), 654-657.
- Schulte-Hostedde, A. I., Mazal, Z., Jardine, C. M., & Gagnon, J. (2018). Enhanced access to anthropogenic food waste is related to hyperglycemia in raccoons (Procyon lotor). Conservation physiology, 6(1), coy026.
- Totton, S. C., Tinline, R. R., Rosatte, R. C., & Bigler, L. L. (2002). Contact rates of raccoons (Procyon lotor) at a communal feeding site in rural eastern Ontario. Journal of Wildlife Diseases, 38(2), 313-319.
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Photo de bandeau : © Anthony Maw