

La biodiversité menacée
Des espèces hors normes à la conquête du monde
Les espèces exotiques envahissantes (ou EEE) sont des espèces végétales ou animales transportées par l’homme hors de leur aire de répartition naturelle et introduites dans de nouvelles régions où elles s’établissent et se propagent aux dépens des espèces et des écosystèmes locaux.
Les EEE sont à la fois très prolifiques, adaptables et dispersives, ce qui leur permet de conquérir rapidement de nouveaux territoires et de coloniser des environnements très variés. Souvent introduites sans leur cortège d’ennemis naturels, elles sont particulièrement compétitives.
Les experts internationaux estiment que 37.000 espèces exotiques se sont ainsi établies bien loin de leur aire de répartition naturelle et qu’environ 10% d’entre elles exercent des impacts négatifs sur la nature et les populations humaines (IPBES 2023). Ensemble, elles ont contribué à 60% des extinctions d’espèces à l’échelle mondiale et occasionnent chaque année des coûts de plusieurs centaines de milliards de dollars.
Les EEE, une grave menace pour la biodiversité
Les espèces et les écosystèmes mis à mal
En Europe, les EEE mettent directement en péril la survie d’au moins 354 espèces végétales et animales, ce qui représente 18% des espèces menacées à l’échelle du continent. Les dommages les plus importants sont causés par les animaux prédateurs ou herbivores ainsi que par les EEE qui véhiculent des maladies infectieuses fatales aux espèces indigènes, à l’instar des écrevisses nord-américaines, des salamandres asiatiques ou de l’écureuil gris.
Prédation d’un jeune fou de Bassan par le vison américain (© John W Anderson)
Infection d’une salamandre par un champignon pathogène originaire d’Asie (© Jonas Virgo)
En proliférant dans l’environnement, les EEE tendent également à évincer les espèces indigènes en monopolisant l’espace ou les ressources utilisées par ces dernières. C’est ainsi que certaines plantes exotiques envahissantes causent la régression de la végétation locale et dégradent l’état de conservation des habitats naturels. Ces dernières peuvent aussi altérer le fonctionnement des écosystèmes en modifiant les propriétés des sols ou en asphyxiant les milieux aquatiques.
Invasion d’une clairière forestière par une vigne vierge américaine (Parthenocissus inserta) © Etienne Branquart
Invasion d'un plan d'eau par la crassule des étangs (Crassula helmsii) © Etienne Branquart
En Wallonie, les experts estiment que les plantes exotiques envahissantes menacent directement l’état de conservation de nombreux habitats naturels, en particulier les milieux aquatiques et rivulaires. Celles-ci produisent des tapis végétaux denses à la surface de l’eau, enrichissent et accélèrent le comblement des plans d’eau, transforment les caractéristiques des sols et modifient les successions écologiques.
Des voies d’introduction très variées
Les EEE qui s’établissent en Wallonie proviennent majoritairement de l’Amérique du Nord, de l’Afrique du Sud, de l’Asie orientale, de l’Océanie et d’autres régions du monde caractérisées par des conditions climatiques assez semblables aux nôtres. Beaucoup d’entre elles sont introduites de manière intentionnelle pour différents usages. D’autres se comportent comme des passagers clandestins en mêlant aux stocks de marchandise ou en se fixant sur les bateaux.
Introduction délibérée et accidentelle des EEE © E.Branquart et Government of Alberta
Quelques chiffres pour la Wallonie
Environ 1.500 espèces exotiques ont été détectées en Wallonie, au sein desquelles 500 se reproduisent aujourd’hui dans les milieux naturels. Et parmi les 114 espèces jugées préoccupantes pour l’Union européenne, 34 sont aujourd’hui établies sur le territoire wallon et 10 autres s’y observent de manière occasionnelle. Ce nombre s’accroît rapidement depuis 1980, avec l’installation d’une nouvelle espèce préoccupante pour l’Union tous les 2 à 3 ans (voir graphe) !
Evolution du nombre cumulé d’EEE jugées préoccupantes pour l’Union installées sur le territoire wallon depuis 1880 (Données : DEMNA)
Ouettes d'Egypte © Etienne Branquart
Agir rapidement pour réduire les nuisances
Les populations d’EEE sont difficiles à contrôler et on constate souvent que les pertes causées par la lutte menée contre ces « super-espèces » sont souvent compensées par une forte augmentation de la fécondité des individus survivants et par l’immigration de nouveaux individus provenant de localités adjacentes. À l’image de l’hydre à plusieurs têtes de la mythologie grecque, les populations d’EEE tendent à se redéployer rapidement après les interventions menées à leur encontre.
L’expérience montre que les interventions menées à l’encontre des EEE sont d’autant plus efficaces qu’on agit le plus tôt possible au cours du processus d’invasion. La prévention et la gestion des voies d’introduction de ces organismes sont à privilégier autant que possible, de même que l’éradication des premiers foyers d’invasion détectés sur un territoire. S’agissant d’espèces plus largement répandues, on visera davantage à freiner leur développement et à renforcer la capacité de résistance des milieux naturels à leur égard.
Dans les autres pages de cette section, vous trouverez de nombreux conseils et des recommandations pour endiguer le développement des EEE et réduire leurs dommages.
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