
Le monitoring des espèces
Suivre la biodiversité pour mieux la préserver
La biodiversité wallonne est riche, mais aussi fragile et en constante évolution. Pour en assurer la protection, il est essentiel de suivre régulièrement les espèces et les groupes biologiques présents sur notre territoire. Ce suivi, appelé monitoring, permet de détecter les changements, d’identifier les menaces, et d’orienter les actions de conservation.
Pourquoi « monitorer » les espèces ?
Les objectifs sont de contribuer plus particulièrement à :
- suivre l’évolution de la distribution géographique des espèces sauvages indigènes ou exotiques invasives ;
- estimer les tendances d’évolution des populations des espèces sauvages et identifier les plus menacées nécessitant des mesures de conservation ciblées ;
- identifier les habitats recherchés par ces espèces menacées et appréhender leurs exigences écologiques ;
- évaluer l’efficacité des mesures de gestion et de restauration des habitats ou de gestion et de renforcement des populations visant la conservation des espèces les plus menacées ;
- suivre la progression des espèces exotiques envahissantes posant des problèmes pour la faune et la flore indigène ou impactant la santé humaine et évaluer l’efficacité des mesures de contrôle ;
- répondre aux obligations légales des directives européennes et des engagements dans le cadre des conventions internationales relatives à la biodiversité.
Défis à relever
Le monitoring de la faune et de la flore sauvage d’un territoire de plusieurs milliers de kilomètres carrés comme celui de la Wallonie (plus de 16.000 km²) n’est pas une tâche aisée. En effet, cet objectif se heurte à des écueils de taille :
- la grande diversité des espèces, s’élevant à plusieurs dizaines de milliers déjà répertoriées sur notre territoire ;
- le manque de spécialistes de certains groupes peu connus, en particulier parmi les animaux invertébrés, les plantes « inférieures » (mousses, lichens…) et les champignons ;
- la discrétion de beaucoup d’espèces, du fait de leur faible taille ou de leurs mœurs très cachées, notamment nocturnes, ou de leur apparition éphémère (fleurs, insectes…), qui entraîne une faible probabilité de détection (ou « détectabilité ») sur le terrain.
Groupes suivis
Compte tenu des moyens disponibles, ces éléments expliquent que ces suivis sont à ce jour limités à quelques groupes animaux et végétaux les mieux connus, les plus accessibles et/ou considérés comme de bons bioindicateurs, à savoir :
- tous les animaux vertébrés (mammifères, y compris chauves-souris, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons) ;
- deux groupes d’insectes parmi les invertébrés (papillons de jour et libellules), à ce jour (NB : le suivi sera éventuellement étendu à d’autres groupes, à l’avenir, en fonction des possibilités et aussi des exigences européennes du nouveau règlement européen de Restauration de la Nature imposant un protocole de monitoring des insectes pollinisateurs), ainsi que les invertébrés aquatiques ;
- les plantes supérieures, y compris les plantes aquatiques ;
- les diatomées, bonnes indicatrices de la qualité des eaux courantes ;
- ainsi que quelques espèces appartenant à d’autres groupes parce que protégées au niveau européen et wallon ou exotiques invasives (coléoptères comme le lucane cerf-volant, crustacés telles les écrevisses, etc…).
Méthodes appliquées
La complexité et la diversité des groupes biologiques à suivre justifient le recours à des méthodes particulières de récolte et de traitement de données faisant appel de façon croissante :
- à la participation des naturalistes bénévoles et des citoyens pour la récolte des données ;
- au déploiement de méthodes automatiques de récolte, d’identification et de validation de données, au moyen d’enregistreurs sonores, de pièges photos (ou camera traps) et de logiciels adaptés utilisant notamment l’intelligence artificielle ;
- au recours par les professionnels à des techniques de recensement particulières comme les transects de comptages, y compris nocturnes, le CMR ou capture-marquage-recapture, le radiopistage par télémétrie, la pêche électrique, l’ADN environnemental permettant d’identifier la présence des espèces ou le génotypage des individus, sur base des traces laissées dans l’eau, le sol, l’air, les déjections, etc… ;
- aux techniques de modélisation statistique pour l’estimation de tendances adaptées aux types de données récoltées, qu’elles soient standardisées ou non (appelées dans ce second cas « opportunistes » dans la littérature scientifique), en les combinant éventuellement dans des modèles dits « intégrés » et en s’attachant à gommer au mieux les biais éventuels.
© Jérémie Guyon
Ce menu propose un aperçu des efforts de suivi en Wallonie : amphibiens, chauves-souris, diatomées, libellules,macro-invertébrés, mammifères, oiseaux, papillons, plantes aquatiques, poissons, reptiles, espèces exotiques envahissantes etc. Vous y découvrirez les méthodes utilisées, les enjeux spécifiques à chaque groupe, les acteurs impliqués (agents du SPW ou groupes de travail dans les associations) ainsi que les résultats issus de nombreuses études et publications. La récolte et l’exploitation de ces données sont essentielles pour comprendre l’état de notre biodiversité et agir efficacement.