
Le suivi des macro-invertébrés benthiques
Le suivi des macro-invertébrés benthiques est une composante clé du diagnostic écologique des rivières wallonnes : il offre une vision sensible et intégrée de la qualité de l’eau, permet de mesurer les effets des politiques publiques et des efforts de restauration, et contribue à protéger la biodiversité et à anticiper les impacts du changement climatique. Ces petits organismes, souvent discrets, jouent ainsi un rôle majeur de sentinelles écologiques pour l’avenir de nos rivières.
Pourquoi s'intéresser aux macro-invertébrés benthiques?
Les macro-invertébrés benthiques regroupent l’ensemble des organismes visibles à l’œil nu (taille > 0,5 mm) vivant sur ou dans le fond des rivières et des ruisseaux : insectes aquatiques (éphémères, trichoptères, plécoptères…), crustacés, mollusques, vers annélides, sangsues, etc.
Ces organismes présentent plusieurs caractéristiques qui en font d’excellents indicateurs :
- Ils sont sédentaires, donc représentatifs de la qualité de l’eau à l’endroit où on les trouve ;
- Ils ont des cycles de vie longs (de plusieurs mois à plusieurs années), intégrant les variations saisonnières et les perturbations ponctuelles ;
- Leur sensibilité aux pollutions est très variable selon les groupes (certains disparaissent dès la moindre dégradation, d’autres tolèrent des conditions médiocres).
- Les éphéméroptères, plécoptères et trichoptères (EPT) sont très sensibles aux pollutions et indicateurs d’eaux de bonne qualité.
- Les chironomes (moucherons aquatiques) tolèrent des conditions pauvres en oxygène et signalent une dégradation.
- Les gammares (petits crustacés) reflètent l’état des habitats et de la qualité de l’eau.
Comment se déroule le suivi en Wallonie ?
Le monitoring des macro-invertébrés est réalisé selon une méthodologie normalisée (norme française NF T 90-350 (1992) : Qualité de l’eau – Détermination de l’Indice Biologique Global Normalisé) qui comporte 3 étapes :
L'échantillonnage
Les invertébrés sont collectés à l’aide d’un filet Surber ou d’un filet troubleau, en raclant le substrat et la végétation sur une surface standardisée.
Nombre de sites suivis : 234, sur la période 2022-2027
Périodicité des campagnes : rotation tous les 3 ans par bassin hydrographique
Institutions impliquées : SPW – Département de l’Étude du Milieu naturel et agricole
Articulation avec d’autres suivis : poissons, macrophytes, diatomées, physico-chimie.
L'identification
Les organismes sont triés en laboratoire et identifiés à un niveau taxonomique précis (famille, genre, espèce selon les groupes).
Calcul d’indices biotiques
Les données sont transformées en indices écologiques (IBGN – Indice Biologique Global Normalisé, ou son adaptation pour les grands cours d’eau, l’IBGA).
- Attribue une note de 0 à 20 selon la richesse et la sensibilité des organismes observés.
- Classe les cours d’eau en 5 catégories de qualité biologique (très bon, bon, moyen, médiocre, mauvais).
- Utilisé depuis les années 1970, il a servi de référence pour des milliers de diagnostics écologiques en Europe.
Paramètres étudiés
Les inventaires de macro-invertébrés renseignent sur :
- la diversité spécifique (nombre de taxons présents),
- la richesse en taxons sensibles (EPT notamment),
- la composition fonctionnelle des communautés (régime alimentaire, modes de vie),
- la tolérance aux pollutions (présence d’espèces opportunistes vs espèces exigeantes),
- l’équilibre écologique entre groupes dominants.
Ces informations permettent de détecter des perturbations que l’analyse chimique seule ne révèle pas toujours (pollutions diffuses, variations chroniques, altérations d’habitat).
Pourquoi ce suivi est-il essentiel ?
Ce suivi présente plusieurs avantages clés qui en font un outil précieux pour l’évaluation écologique des milieux aquatiques :
- Détection fine des pollutions : Certains polluants ou perturbations (rejets organiques, pesticides, métaux lourds, micropolluants) peuvent être difficiles à quantifier ponctuellement. Les macro-invertébrés en gardent la « mémoire » dans leur composition communautaire.
- Réponse aux obligations européennes : La DCE impose que l’évaluation de l’état écologique des rivières combine plusieurs éléments biologiques. Les macro-invertébrés sont parmi les indicateurs centraux retenus par l’Europe.
- Outil de gestion locale : Pour les gestionnaires de rivières, l’IBGN ou l’IBGA constituent une base solide pour décider des priorités : amélioration de l’assainissement, restauration des habitats, suppression de pollutions diffuses.
Après la mise en service d’une station d’épuration à Marche-en Famenne, l’IBGN de la Marchette est passé de 3/20 à 11/20 en 6 ans, traduisant une amélioration notable de la qualité écologique.
Une base de données précieuse
Les résultats alimentent :
- les rapports environnementaux régionaux,
- les rapports à la Commission européenne (DCE),
- les outils de gestion piscicole et de conservation,
- les bases de données scientifiques permettant de suivre les effets du changement climatique et des mesures de restauration.
En savoir plus
Résultats du monitoring - Données ouvertes
Une partie des résultats du monitoring des cours d'eau est disponible, permettant aux citoyens, chercheurs et gestionnaires locaux de consulter les tendances.
Monitoring des cours d'eau
Obligations légales et indicateurs utilisés
Diatomées, plantes aquatiques (macrophytes) et poissons
Techniques de suivi des 3 autres indicateurs de santé des cours d'eau