La destruction et la fragmentation des habitats représentent l’une des principales causes d’érosion de la biodiversité à l’échelle mondiale. Selon les évaluations de l’IPBES, plus de 75 % des surfaces terrestres ont été significativement altérées par les activités humaines, entraînant une perte massive de connectivité écologique. 

Les habitats naturels sont morcelés par l’urbanisation, les infrastructures de transport, l’agriculture intensive et l’exploitation forestière, créant des îlots écologiques isolés. Ces ruptures spatiales - ou barrières écologiques - ont de multiples conséquences :

  • Isolement des populations animales et végétales et réduction de la taille des habitats, ce qui limite les échanges génétiques - et donc la diversité génétique - ainsi que la capacité d’adaptation. À long terme, cela entraîne une diminution de la résilience des écosystèmes et accentue le risque d’extinction locale des espèces en augmentant la vulnérabilité des populations face aux perturbations environnementales. Les effets sont particulièrement marqués chez les espèces spécialistes ou à faible mobilité, qui voient leur aire de répartition se réduire et leur probabilité d’extinction augmenter.
  • Perturbation des déplacements pour la recherche de nourriture, de partenaires ou de zones de reproduction.
  • Modification des conditions abiotiques locales, ce qui favorise les espèces généralistes ou invasives, et réduit la résilience des communautés écologiques. 
  • Augmentation des conflits avec les activités humaines, notamment pour les espèces mobiles comme les grands mammifères.

Pour répondre à cette menace, les stratégies de conservation doivent intégrer des approches paysagères, telles que la création de corridors écologiques, la restauration des milieux dégradés et la planification territoriale fondée sur les services écosystémiques. La science joue un rôle crucial dans l’identification des zones clés pour la connectivité, la modélisation des impacts de la fragmentation et l’évaluation des bénéfices des mesures de restauration. Une gouvernance multi-niveaux, impliquant les acteurs locaux, est indispensable pour enrayer cette dynamique et préserver la fonctionnalité des écosystèmes.

La situation wallonne

En Wallonie, la fragmentation des habitats est accentuée par une forte densité de population et un réseau dense d’infrastructures. Les zones naturelles sont souvent isolées par des routes, des zones urbanisées et des terres agricoles intensives. Selon l’État de l’environnement wallon, le niveau moyen de fragmentation a augmenté de plus de 5 % en quelques années, réduisant la connectivité écologique même dans des régions initialement préservées.

Pour inverser cette tendance, la Wallonie mise sur :

  • le réseau Natura 2000, les sites protégés et la création de corridors écologiques.
  • La restauration des milieux dégradés et la suppression de barrières physiques.
  • Des projets innovants qui visent à reconnecter les paysages et à améliorer la résilience des écosystèmes.

Sources