Cohabiter avec le frelon asiatique
Le frelon asiatique (Vespa velutina nigrithorax) est un insecte exotique envahissant originaire du Sud de l’Asie. Il a été introduit accidentellement en Gironde (France) en 2004. Il a rapidement progressé et colonisé de nouveaux territoires. Le premier nid a été détecté en Wallonie en 2016. Il se rencontre aujourd’hui dans toute la région. L'arrivée de ce nouveau prédateur menace les insectes pollinisateurs, fragilise les ruchers, s’attaque aux fruits et peut représenter un risque en matière de santé publique. Découvrez ici les mesures concrètes qui permettent de réduire ces nuisances.
Le reconnaître
Le frelon asiatique est un insecte de la famille des guêpes. Il est noir avec une large bande jaune orangé à l'extrémité du corps et possède des pattes bicolores, noires à la base et jaunes à l'extrémité. Il est un peu plus petit que le frelon européen (V. crabro).
Le frelon asiatique a un cycle de vie annuel. Son activité et ses effectifs varient au fil des saisons. Témoins de ces différentes périodes d'activités, deux types de nids vont se succéder au cours de l'année :
Le nid de printemps ou nid primaire est élaboré par la fondatrice à la sortie de l’hiver (mars-mai). Sa taille peut atteindre celle d’une balle de tennis. Il est généralement construit dans un abri. Ce nid peut facilement être confondu avec un nid de guêpe ou de frelon européen.
© Francis Thurburu
Le nid d'été ou nid secondaire est généralement construit haut dans un arbre où il abritera la colonie de frelons entre juin et octobre-novembre. De forme sphérique, il peut atteindre 80 cm de diamètre et présente une petite ouverture latérale située à mi-hauteur. En pleine saison, il peut abriter plusieurs milliers d'individus.
Bon à savoir ! Le nid du frelon européen est plus allongé et doté d'une large ouverture basale. Sa taille est plus modeste. Il est souvent construit dans un hangar, un grenier ou un arbre creux.
© Luc (Flickr)
Signaler de nouvelles observations de frelon asiatique
Depuis le 7 octobre 2025, les observations de frelons asiatiques ou de leurs nids peuvent à nouveau être communiquées au travers de ce formulaire d'encodage. Tout signalement doit être accompagné de photographies numériques du nid et/ou de l'insecte pour qu’il puisse être validé.
Attention, les signalements des frelons asiatiques sur ce portail ont uniquement pour but le suivi de l'évolution des populations dans l'espace et dans le temps. Pour toute demande de neutralisation de nids, voir la procédure détaillée en bas de page.
Merci d'avance pour votre collaboration !
Un insecte exotique envahissant
Le frelon asiatique est classé parmi les EEE préoccupantes pour l’Union européenne car il représente une menace pour la biodiversité. Il se nourrit principalement d’hyménoptères sociaux (abeilles, guêpes et bourdon), mais également de diptères et d’autres insectes floricoles. Il chasse surtout les insectes sur les fleurs ou à la sortie du nid pour nourrir son couvain, mais semble être un prédateur moins performant que d’autres hyménoptères. Il tend souvent à se spécialiser sur la capture d’abeilles domestiques à la sortie des ruches. Le risque lié à la progression du frelon asiatique est encore mal évalué mais on s’attend toutefois à ce qu’il altère la pollinisation et réduise le succès reproducteur de certaines plantes.
Qui s'y frotte s'y pique !
Les frelons sont des insectes assez pacifiques. Leur aiguillon sert peu à la défense. Il est surtout utilisé pour la capture des proies. Lorsque ces insectes sont agressés individuellement, ils préfèrent souvent la fuite à l'attaque.
Contrairement aux guêpes, le frelon asiatique ne fréquente guère le voisinage immédiat de l'homme mais se rencontre davantage sur les fruits mûrs ou en chasse sur les plantes mellifère.
© Eric Le Bervet
Les cas de piqûres sont exceptionnels.
La composition du venin du frelon asiatique est très proche de celui de nos hyménoptères. Sa piqûre n'est pas plus dangereuse que celle d'une guêpe et la dose de venin injectée dix fois inférieure à celle déversée lors d'une piqûre d'abeille. Elle est toutefois légèrement plus douloureuse car le dard plus long pénètre plus profondément dans la plaie et peut traverser certains équipements de protection comme des bottes en caoutchouc ou des gants en cuir.
L'approche volontaire ou accidentelle d'un nid de frelon asiatique est en revanche une action dangereuse ! Elle peut déclencher l'attaque collective de la colonie et s'accompagner de piqûres multiples sur le corps. Celle-ci est susceptible de se produire dès qu’on s’approche à moins 5 mètres d’un nid « actif », en période estivale et automnale. En revanche, les nids situés haut dans les arbres ou sur un édifice ne représentent pas de risque particulier.
En cas d’attaque, les frelons peuvent projeter à distance un liquide irritant susceptible de provoquer des lésions oculaires. Ces attaques nécessitent généralement une hospitalisation d'urgence. Les désinsectiseurs en charge de la neutralisation des nids constituent les personnes les plus exposées à ce genre de risque.
Durant l’hiver, les nids détectés sont sans danger. Ils ne contiennent plus que des insectes morts, parfois accompagnés de quelques fondatrices en diapause très engourdies par le froid.
Le saviez-vous ? Une personne sur cinquante est allergique au venin de guêpe ou d'abeille. En cas d'allergie, toute piqûre provoque de l'urticaire, des vomissements, des vertiges et des difficultés respiratoires. La piqûre de frelon provoque des symptômes analogues. Dans ce cas spécifique, un médecin devra être contacté après toute piqûre. Plus d'informations auprès du Centre Antipoisons belge.
Les colonies d’abeilles fragilisées
Dans les milieux urbanisés, l’abeille domestique constitue jusqu’à deux tiers du régime alimentaire du frelon asiatique. La présence d'un nid à moins d’1 kilomètre du rucher entraine souvent une forte prédation sur les abeilles à partir du mois d’août. Les frelons asiatiques y trouvent une ressource alimentaire facilement accessible. Ils se postent devant les ruches en attendant le retour des abeilles et les saisissent au vol.
Mais c'est surtout le stress qu'ils provoquent sur les colonies d'abeilles qui pose le plus gros problème. Il entraîne une diminution des réserves de miel et un affaiblissement ou un dépérissement des colonies.
D’après une étude française récente, en l’absence de protection adéquate, près de 30% des colonies d’abeille domestique pourraient dépérir à la suite des prélèvements opérés par le frelon, ce qui équivaut à une perte économique de 30 millions € par an !
© Nicolas Verrecken
Les fruits endommagés
Comme les autres guêpes, les adultes de frelon asiatique recherchent de la nourriture sucrée à la fin de l’été. Ils consomment alors beaucoup de poires, pommes, prunes, figues, raisins, etc.
Là où les densités de frelon asiatique sont importantes, les premières études montrent un impact non négligeable sur les productions commerciales. Ils sont localement responsables de pertes de rendement comprises entre 5 et 25% de la production et favorisent aussi le développement de maladies fongiques.
A cela s’ajoute le danger accru de piqures lors des récoltes manuelles des fruits.
© Christophe Quintin
Que faire alors ?
La neutralisation systématique des nids coordonnée par le CRA-W, le CARI et le SPWARNE entre 2017 et 2022 a permis de ralentir l’établissement et la progression du frelon asiatique en Wallonie. Malheureusement, la détection souvent tardive des nids a réduit l’efficacité de ces mesures et n’a pas empêché l’insecte de coloniser progressivement l’ensemble du territoire wallon. Celui-ci atteint aujourd’hui des densités assez importantes dans les provinces du Hainaut, du Brabant Wallon et de Namur.
En Wallonie, comme dans les régions limitrophes, il n’est plus possible aujourd’hui d’éradiquer l’espèce. Il n’est donc plus procédé à une neutralisation systématique de tous les nids de frelons détectés dans l’environnement.
Il nous faut aujourd’hui apprendre à cohabiter avec lui et à limiter le plus possible les nuisances qu’il cause localement à la sécurité des personnes, à la biodiversité, aux colonies d’abeilles domestiques et à la fruiticulture. Différents moyens d’action sont possibles pour y arriver. Ils sont détaillés ci-après.
Quelques astuces pour diminuer le risque de piqûre
Il faut éviter de s’approcher à moins de 5 mètres d’un nid de frelon asiatique en période estivale et automnale pour diminuer le risque de piqûre.
Les entrepreneurs de parcs et jardins, les grimpeurs-élagueurs et le personnel en charge de l’entretien des jardins ou de la récolte des fruits seront particulièrement attentifs aux allers et venues de frelons à l’intérieur de la végétation avant de débuter leurs travaux. Pour réduire le risque de piqûre, il est conseillé d’éviter les gestes brusques, de se vêtir de vêtements clairs et d’un chapeau à larges rebords pour bien se protéger la tête. En cas d’attaque massive, il est conseillé de s’enfuir rapidement en tournant le dos au nid et de s’éloigner le plus possible de celui-ci (au moins 100 mètres).
Les désinsectiseurs devront porter une combinaison de protection intégrale faite d’un tissu double couche très résistant, d’un casque à visière rigide et d’une paire de gants en caoutchouc.
Protéger son rucher
Différents dispositifs peuvent être mis en place autour des ruches pour réduire le stress des abeilles et limiter la prédation exercée par le frelon :
- les réducteurs de vol qui empêche l’entrée des frelons asiatiques dans la ruche;
- les muselières ou sas à abeilles à installer à l'entrée des ruches, qui permettent aux abeilles de sortir sans être attaquées au niveau de la planche d'envol,
- les harpes électriques et les pièges destinés à détruire sélectivement les frelons qui circulent autour des ruches.
© Frédéric Diez
© CRA-W
Attention au piégeage de printemps ! Il n'existe pas de preuve scientifique de l'efficacité du piégeage de printemps des fondatrices de frelons asiatique à l'aide des pièges et des attractifs disponibles actuellement. A noter aussi que l’usage de pièges à noyade peu sélectifs entraîne la capture de beaucoup d’autres insectes et porte atteinte à la biodiversité. En cas de piégeage, seuls les pièges sélectifs qui ne noient pas les insectes capturés peuvent être utilisés, avec un suivi régulier pour libérer les insectes non-cibles qui seraient attrapés. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site du C-RAW.
Vous trouverez des informations plus détaillées diffusées par le CARI sur les protections à mettre en place autour du rucher :
La neutralisation des nids
Les nids de frelons peuvent être neutralisés à l’aide de l’injection d’un insecticide ou de poudre de diatomée. Cette pratique peut être mise en œuvre lorsque des impacts avérés sont constatés sur le terrain, en particulier :
- en présence d’un nid qui est construit à moins de 5 mètres de hauteur et constitue un risque pour la santé publique ;
- en cas d’attaques répétées sur les ruchers en dépit de la mise en place des moyens de protection décrits plus haut ;
- en cas de présence importante de frelons dans les vergers et les vignobles, portant atteinte aux récoltes de fruits.
Attention ! La neutralisation des nids de frelon asiatique est très dangereuse car elle peut provoquer une attaque en masse des insectes. Elle ne peut être réalisée que par du personnel spécialement formé et équipé pour cette tâche.
Lorsqu’un nid de frelon est détecté et doit être détruit, plusieurs modalités d’intervention sont possibles :
- via le Service Public de Wallonie, la Province ou la Commune si le nid est situé sur le domaine public et construit à moins de 5 mètres de hauteur. L’intervention est gratuite et doit être demandée auprès du service compétent. Pour les nids situés sur le domaine public régional, adressez votre demande à : invasives@spw.wallonie.be ;
- via un désinsectiseur privé et aux frais du demandeur si le nid est construit dans les mêmes conditions en dehors du domaine public régional. Voir ici la carte interactive des désinsectiseurs privés qui ont été formés par le CRA-W et sont équipés pour la neutralisation des nids ;
- via une section apicole si vous êtes un apiculteur identifié auprès de l’AFSCA et que vous avez détecté un nid à moins d’un kilomètre de votre rucher, en suivant la procédure de signalement détaillée sur le site du CRA-W.
Sources
- Choi, M. B. (2021). Defensive behavior of the invasive alien hornet Vespa velutina nigrithorax against potential human aggressors. Entomological Research, 51(4), 186-195.
- Courtioux, B. (2021). Le frelon asiatique, un danger pour l’être humain et l’environnement. Actualités Pharmaceutiques, 60(607), 41-43.
- Lioy, S., Bergamino, C., & Porporato, M. (2022). The invasive hornet Vespa velutina: Distribution, impacts and management options. CABI Reviews.
- Pedersen, S., Kennedy, P. J., O'Shea-Wheller, T. A., Poidatz, J., Christie, A., Osborne, J. L., & Tyler, C. R. (2025). Broad ecological threats of an invasive hornet revealed through a deep sequencing approach. Science of The Total Environment, 970, 178978.
- Requier, F., Fournier, A., Pointeau, S., Rome, Q., & Courchamp, F. (2023). Economic costs of the invasive Yellow-legged hornet on honey bees. Science of the Total Environment, 898, 165576.
- Rojas-Nossa, S. V., O'Shea-Wheller, T. A., Poidatz, J., Mato, S., Osborne, J. & Garrido, J. (2023). Predator and pollinator? An invasive hornet alters the pollination dynamics of a native plant. Basic and Applied Ecology, 71, 119-128.
Publications
En savoir plus
Les Espèces Exotiques Envahissantes
Plus d’informations sur ces espèces, les menaces qu’elles représentent, le cadre réglementaire et les bons gestes à adopter pour prévenir leurs nuisances.
Les services aux apiculteurs dispensés par CARI asbl tels que des informations techniques et scientifiques sur la santé des abeilles.
Les fiches pratiques publiées par l’Union des Villes et Communes de Wallonie pour savoir que faire en cas de détection d’un nid de frelon asiatique.