Le putois d’Europe (Mustela putorius) est un carnivore de la famille des mustélidés. Espèce intégralement protégée et inscrite à l’annexe V de la Directive européenne 92/43/CEE « Habitats, faune et flore », le putois fait partie des espèces de mammifères à rapportage obligatoire. En Wallonie comme dans les pays voisins, l’espèce semble actuellement connaître un déclin important et voit ses observations se raréfier.

Le putois souffre toujours d’une image négative et injustifiée de nuisible, notamment vis-à-vis du petit gibier. La législation wallonne permet son piégeage à certaines conditions. Les conseils cynégétiques renseignent chaque année entre 200 et 400 putois détruits. Ceci s’ajoute aux différentes pressions auxquelles l’espèce doit faire face : dégradation des zones humides, fragmentation de son habitat, déclin des amphibiens et des lapins qui constituent ses proies de prédilection, mortalité routière. Ces menaces combinées justifient une attention particulière pour cette espèce encore mal connue du grand public et souvent négligée dans les efforts de conservation.

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Sous-détecté ?

Il est probable que cette espèce ait été historiquement sous-détectée en Wallonie. Suite à l’intensification des recherches et aux nombreuses données accumulées au cours de ces dernières années, il apparait que l’espèce est finalement bien distribuée au sud du sillon Sambre et Meuse, et que la présence de petites populations éparses au nord de notre territoire n’est pas à exclure. Cette hypothèse a d’ailleurs été confortée avec la découverte récente d’une population dans le Parc Naturel du Pays des Collines.

Les principales techniques de monitoring utilisées par le Service public de Wallonie (Département de l'Etude du Milieu naturel et agricole (DEMNA)) sont les suivantes :

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© Dan Steenhaut

Collecte d’indices de présence

Essentiellement nocturne, le putois occupe une grande diversité d’habitats, avec une préférence pour les habitats humides. La présence du putois reste très difficile à évaluer de manière précise, en raison de la rareté des observations directes. Sa discrétion et sa rareté du putois rendent aussi la recherche d’indices naturels difficiles. Contrairement à d’autres espèces telles que le castor, il ne laisse pas de traces facilement interprétables sur le terrain. Ses excréments, allongés et torsadés, peuvent être aisément confondus avec ceux d'autres mustélidés. Des cas de détection indirecte sont occasionnellement possibles, via des restes de proies, notamment des amphibiens consommés en pressant le ventre pour en extraire les parties toxiques. Néanmoins, la collecte d’indices de présence reste peu efficaces à large échelle.

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© Corentin Rousseau

Suivi par pièges photographiques

La multiplication des suivis par pièges photographiques, constitue aujourd’hui l’un des moyens les plus efficaces pour la détection du putois. L’identification de cette espèce furtive reste parfois délicate, car on pourrait le confondre avec une fouine ou une martre.

Suivi génétique

Le recours au techniques d’ADN environnemental (poils sur pièges à poils, recherche d’ADN dans l’eau) offre une méthode complémentaire, potentiellement bien adaptée pour cette espèce qui affectionne les zones humides. Bien que ce type d’études ait déjà été mené par le DEMNA sur d’autres espèces (loutre, musaraigne aquatique), il n’a pas encore été appliqué spécifiquement au putois.

Réseau d’observateurs et plateformes participatives

Les observations opportunistes de naturalistes, notamment via Observations.be, complètent les rares données disponibles. Toutefois leur valeur pour estimer l’abondance ou la tendance reste limitée, et une part importante de ces données de présence est constitué d’animaux observés morts en bord de route. L’espèce étant peu connue, la sensibilisation du public au déclin de l’espèce et des acteurs de terrain (agents forestiers, gestionnaires, piégeurs) est essentielle pour améliorer la remontée d’information, la détection et l’identification.

D’autres données sont parfois collectées via le réseau de surveillance de la faune sauvage de l’Université de Liège, et des individus sont occasionnellement recueillis dans les différents CREAVES de Wallonie, en vue d’une revalidation. 

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