

Le suivi du castor d'Europe
Le castor d’Europe (Castor fiber) est le plus grand rongeur de Wallonie. Intégralement protégé et figurant à l’annexe II et IV de la Directive européenne 92/43/CEE « Habitats, faune et flore », il fait l’objet d’un rapportage obligatoire sur l’état de ses populations. Après sa disparition dans notre pays au 19e siècle, son retour s’est amorcé naturellement dans les années 1990, avant d’être significativement accéléré par des réintroductions illégales dans les années 2000. Démontrant une remarquable capacité d'adaptation, le castor continue sa reconquête et colonise progressivement des territoires plus agricoles, tels que le bassin de l'Escaut. Sa dynamique de population laisse penser qu'il sera présent à terme sur la quasi-totalité de la Wallonie.
Les constructions de barrages, creusements de terriers ou abattages d’arbres peuvent, dans certains cas, compliquer la cohabitation avec les propriétaires et exploitants des terrains où il a élu domicile.
La collecte d'indices de présence
Principalement actif la nuit et au crépuscule, le castor laisse une multitude d’indices facilement reconnaissables : coulées dans la végétation, arbres fraîchement rongés en forme de cône (communément appelés crayons), branches écorcées, huttes ou terriers, barrages, marquages avec des buttes aspergées de castoreum. Ces indices facilitent son suivi par rapport à d’autres espèces de mammifères beaucoup plus discrètes.
© Dieter Ludwig Scharnagl
© Dan Steenhaut
Ce suivi indirect permet une détection efficace et relativement fiable, notamment lorsque les prospections sont réalisées en hiver lorsque les indices sont plus visibles. Dans le cadre d’une convention avec le Département de l'Etude du Milieu naturel et agricole (DEMNA) du Service Public de Wallonie (SPW), ce travail est essentiellement réalisé par les contrats-rivières de Wallonie, sur leurs propres sous-bassins.
Le suivi du castor bénéficie aussi d’un réseau d’observateurs bénévoles qui transmettent leurs observations via des plateformes comme Observations.be. Bien qu’opportuniste, ce suivi citoyen complète utilement les inventaires menés par les professionnels.
Le suivi par pièges photographiques
Les pièges photographiques, utilisées dans le cadre de suivi plus généraux de la faune, peuvent servir à documenter la présence de l’espèce. Toutefois, la facilité de détection des indices de présence les rend difficilement plus intéressants que la prospection directe des cours d’eaux. Les pièges photographiques permettent cependant de collecter des données plus détaillées sur l’activité et le comportement des castors, et parfois même d’estimer le nombre d’individus présents sur un site.
Le suivi par drone
Dans certains cas, l’utilisation d’un drone, permet de repérer des structures telles que des huttes et des barrages, dans des zones difficilement accessibles. Ce type de suivi est peu utilisé, car il nécessite davantage de matériel et de compétences techniques, mais reste une bonne option pour étudier les modifications de l’habitat induites par l’espèce.
Le suivi génétique
La collecte d’échantillons non-invasifs (poils, fèces, bois mâchés) peut permettre des analyses ADN pour confirmer l’espèce ou suivre la diversité génétique des populations. Cette méthode fut surtout par le DEMNA, afin de discriminer des individus de castors canadiens (espèce non-indigène) en vue d’une éradication. Des analyses génétiques réalisées en 2020 indiquent que le castor canadien semble avoir été géré avec succès et ne serait plus présent en Wallonie.
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Photo de bandeau © Franck Renard