Le suivi du lièvre
Au niveau européen, le lièvre est une espèce en bon état de conservation, classée dans la catégorie « préoccupation mineure » sur la Liste Rouge des espèces menacées. Au niveau wallon, l’état de conservation du lièvre n’a plus été évalué depuis 1997.
Cependant, il y a peu de chances que l’espèce se retrouve classée dans un proche avenir dans le groupe « menacé ». En effet :
- l’espèce est assez ubiquiste et occupe toute la Wallonie ;
- l’espèce dispose d’une faculté de dispersion non-négligeable et peut recoloniser des territoires distants ;
- les prélèvements cynégétiques du lièvre sont en diminution, mais encore conséquents.

© Dan Steenhaut
Léon Bourdouxhe
Suivi des prélèvements
Le suivi des prélèvements renseigne de manière fiable l’évolution des populations du lièvre, du moins à certaines conditions. C’est actuellement la seule méthode de suivi mise en œuvre à l’échelle de la Wallonie. Elle découle de la mise en œuvre de l’arrêté du Gouvernement wallon du 27 février 2014 relatif aux modalités d'agrément et de fonctionnement des conseils cynégétiques.
Les prélèvements ont fortement augmenté de 1999 à 2004 dans un échantillon représentatif de 5 conseils cynégétiques. Ils ont ensuite diminué de 49 % sur 20 ans (2003-2022) pour 18 conseils cynégétiques dont les données sont complètes. Cette baisse est surtout marquée sur la période 2003-2016. Ces données sont détaillées dans le Rapport du Service public de Wallonie (S¨PW) (voir publications en bas de page).
Recensement nocturne
Certains conseils cynégétiques mettent en œuvre un recensement nocturne de lièvres, à l’aide de phares. La méthode est plus légère à mettre en œuvre que la battue à blanc. Elle nécessite le parcours d’un circuit donné :
- systématiquement le même et long d’environ 600 m/100 ha,
- de nuit, entre janvier et mi-mars,
- par trois ou quatre personnes,
- avec un véhicule équipé de deux phares mobiles et de longue portée (100 W),
- avec 3 ou 4 répétitions, à intervalles d’environ une semaine.
© Léon Bourdouxhe
Pour en savoir plus, télécharger le protocole et la fiche de comptage.
Le résultat est un « indice kilométrique » (IK) du lièvre, c’est-à-dire le nombre moyen de lièvres observés par kilomètre. L’IK donne une tendance fiable de l’évolution des populations (en baisse, stable ou en hausse), mais pas de leur densité.
Réussite de la reproduction
La réussite de la reproduction est le paramètre le plus important pour expliquer la grande variabilité des densités de population du lièvre.
Le taux de reproduction du lièvre est en général très bon. Chaque hase produit normalement une dizaine de jeunes par an. Par contre, le taux de survie des jeunes est régulièrement très mauvais : il s’agit donc d’un paramètre important à analyser.
Léon Bourdouxhe
Le SPW organise ce suivi depuis 2013, grâce aux données fournies par les chasseurs. La méthode utilisée est celle de la pesée des cristallins. Elle permet de déterminer avec une grande certitude la classe d’âge (« jeune » ou « adulte ») des lièvres prélevés. Elle permet également de déterminer la répartition des naissances au cours d’un saison de reproduction.
Le taux de jeunes lièvres a varié de 39 % à 55 % entre 2013 et 2024. C’est entre les mois de mai et d’août que l’on observe le pic du recrutement. Les résultats varient fortement d’une année à l’autre, ainsi que d’un endroit à l’autre. L’influence de la météo est généralement déterminante.
Avec les données récoltées, un modèle élaboré par le SPW permet de prédire le succès de la reproduction du lièvre avant la saison de la chasse.
Etat sanitaire
Le SPW subventionne la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Liège pour une surveillance sanitaire de la faune sauvage. Environ 2.000 animaux sont autopsiés annuellement. Le protocole de prise en charge est décrit sur le site du Service de santé et pathologies de la faune sauvage en Wallonie. Les analyses sont gratuites.
Le lièvre est assez sensible aux maladies. Pour cette espèce, l’Université de Liège effectue une surveillance générale pour la brucellose, la tularémie, l’hépatite virale, la maladie hémorragique, la pasteurellose et la pseudotuberculose. A titre illustratif, les causes de mortalité pour les lièvres analysés en 2023 sont synthétisées dans le rapport sur les mortalités chez le lièvre d’Europe en Région wallonne (résultats automne 2023).
Publications
Photo de bandeau © Arnaud Corbier