Le suivi du lynx
Le lynx boréal (Lynx lynx) est un grand prédateur de la famille des félidés, classé aux annexes II & IV de la Directive européenne 92/43/CEE « Habitats, faune et flore ». Il bénéficie d’une protection stricte et d’un rapportage obligatoire, attribué au Département de l’Étude du Milieu naturel et agricole (DEMNA) du Service public de Wallonie (SPW). Espèce très discrète, son suivi est un véritable défi. Sa présence sur un territoire peut être confirmée via un suivi indirect et opportuniste. Il est indispensable de combiner plusieurs techniques afin d’accroître les chances de le détecter.
Les indices de présence
Le lynx peut s’accommoder à de nombreux milieux naturels, avec une préférence pour les massifs forestiers feuillus et résineux présentant des zones de quiétude telles que les couverts denses et les terrains escarpés. Il y laisse généralement très peu d’indices. Parmi ceux qui peuvent être détectés, on retrouve notamment les empreintes, les laissées et les feulements. Les restes de proies sauvages seront difficilement détectables car ils sont bien souvent camouflés. Une prospection en période hivernale est la plus appropriée pour mettre en évidence ses indices de présence.
Le suivi par pièges photographiques
Une pose de pièges photographiques dans des zones définies comme préférentielles à son installation ou suspectées d’être occupées est un moyen de le détecter ou de confirmer sa présence.
© SPW
La pose de pièges à poils
Il est possible de combiner le suivi par pièges photographiques avec un suivi par pose de pièges à poils. Ces pièges sont dotés d’un attractif censé induire certains marquages spécifiques, comme le marquage par griffage et le marquage jugal. C’est principalement ce dernier qui permet de récolter le plus de poils de lynx sur le support des pièges.
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Outre la confirmation de la présence du grand prédateur, ce couplage des 2 suivis permet donc également d’identifier le ou les individu(s) :
- Par l’analyse du pelage : chaque lynx possède des « patrons » de points spécifiques sur les flancs et les pattes. Outre l’indentification phénotypique d’un individu, la comparaison des clichés permet donc de vérifier la taille de la population.
- Par les analyses macroscopique et génétique : un premier examen de la structure des poils permet de garantir l’appartenance des poils à un lynx. Une amplification et une analyse de l’ADN présent dans les bulbes pileux permettent de détecter sa lignée et de l’individualiser.
La situation wallonne
Disparu de Belgique vraisemblablement entre le XVème et le XVIIème siècles, des observations ponctuelles avaient été renseignées ça et là, notamment dans l’est de la Belgique à la fin des années 1990. Ce n’est qu’à partir de 2020, dans la vallée de la Semois, que les premières observations obtenues par piège photographique avaient été validées. D’abord en février, puis en août.
Le DEMNA avait alors investigué en employant les différentes méthodes de suivi, ce qui avait permis de confirmer l’installation d’un lynx mâle de la lignée des Carpates (Lynx lynx carpathicus).
Au total, ont été confirmés pas moins de 55 contacts du même lynx, sur l’espace d’un peu moins de 3 ans. Le dernier contact date du 5 novembre 2022 et depuis, plus aucune information n’a pu être recensée.
Des observations ponctuelles sont encore réceptionnées par le DEMNA chaque année sur le territoire wallon, mais aucune d’entre-elles n’a pu être validée formellement.
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