Le suivi du loir gris
Le loir gris (Glis glis), est un mammifère arboricole, nocturne, discret, hibernant environ 6 mois par an. Il reste donc relativement difficile à détecter de manière directe. Son habitat préférentiel est la futaie feuillue avec sous-bois dense et riche en essences et strates variées (noisetiers, sorbiers, sureaux, clématite, lierre, etc.). Il semble cependant cantonné à une partie de la lorraine belge, aucune information de présence en dehors de cette région biogéographique n’ayant pu être validée à ce jour.
Classé à l’annexe III de la Convention de Berne et à l’annexe IIb de la Loi sur la Conservation de la Nature, il est intégralement protégé en Wallonie en raison de sa rareté.
Contrairement au muscardin, ses reliefs de repas ne permettent pas d’identifier sa présence avec certitude. En outre, il aménage ses nids sphériques mesurant jusqu’à 20 cm de diamètre dans des cavités arboricoles, des lianes, souvent à plusieurs mètres de hauteur, ce qui en limite également la détection.
Les connaissances sur sa répartition sont donc principalement issues de deux sources. D’une part, quelques observations ponctuelles sont rapportées par des particuliers à proximité des habitations. D’autre part, en milieu forestier, sa détection est assurée par la mise en œuvre d’un suivi spécifique. Le plus efficace consiste à placer des dispositifs dans lesquels le loir pourra se réfugier et aménager un nid, tels que des nichoirs adaptés et des tubes à nids (« nest tubes »).
Le Département de l’Etude du Milieu naturel et agricole (DEMNA-SPW) cherche à vérifier la présence du loir gris dans les zones bordant sa distribution connue. En 2025, il étudie également sa densité de population via un protocole de capture-marquage-recapture. Chez le loir, et comme chez la plupart des micromammifères, cette densité suit des fluctuations cycliques pluriannuelles.

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Suivi en nichoirs et tubes à nids
La pose de nichoirs et tubes à nids a idéalement lieu au printemps, lorsque les loirs sortent d’hibernation. Selon les conditions météorologiques et le niveau de densité de population, l’utilisation de ces dispositifs par le gliridé peut varier. L’occupation la plus importante est généralement constatée de la mi-septembre à la fin octobre.
Pour obtenir des informations sur la dynamique populationnelle du loir, plusieurs dizaines de nichoirs et/ou tubes à nid sont disposés en quadrat et des contrôles d’occupation sont effectués toutes les deux semaines. Chaque individu détecté est capturé, sexé, pesé et marqué de manière unique lors de sa première détection afin qu’il soit identifiable en cas de recapture. En fin de saison, il s’agira de traiter les résultats de capture et de recapture de tous les loirs identifiés pour définir une densité de population dans le site d’étude.
Parallèlement, un contrôle des risques de prédation par les prédateurs indigènes ou exotiques envahissants peut également être effectué à l’aide de caméras infrarouges orientées vers une partie des nichoirs et/ou tubes à nids.



Suivi par caméra infrarouge ou caméra thermique
Le loir ayant une taille appréciable (environ 25 cm de long queue comprise), il peut être détecté par caméra infrarouge lorsque celle-ci est orientée vers les branches et troncs qu’il escalade lors de ses déplacements en forêt. La caméra thermique est un bon moyen d’investigation mais son utilisation est rapidement limitée par la végétation en milieu forestier.
Détection par piège à empreintes
L’identification des empreintes de micromammifères nécessite des connaissances appropriées. Grâce à leur taille, les empreintes de loir sont néanmoins faciles à identifier à l’aide de pièges à empreintes. De plus, pour le loir comme pour le muscardin, ces pièges peuvent être disposés en hauteur dans les buissons et les arbres. Ils sont composés d’un support dans ou sur lequel le visiteur peut laisser ses empreintes. Le dispositif comporte généralement un tube ou une boîte de 20 cm de long et de 5 cm de large et de haut*. Son plancher est recouvert d’un papier précédé d’une éponge imbibée d’encre ou d’une autre substance colorante. L’animal y passant enduit ses pattes du liquide révélateur et imprime ensuite ses traces sur le papier. Cette méthode permet surtout la détection de l’espèce dans un site en période d’activité des gliridés, de l’été et de l’automne mais elle peut être mise en œuvre à moindre coût. Il est toutefois utile de faire valider les données collectées par des spécialistes
* Un carton à boisson peut être réutilisé à cette fin.
Sources
- Ballesteros X. et al. (2017). Habitat and nest box preference by edible dormouse (Glis glis) in a Mediterranean landscape. Poster at the International Dormice Conference, Liège.
- Chazel L. & Da Ros M. (2006). L’encyclopédie des traces d’animaux d’Europe. Le loir (123-125).
- Grolms J. 2021. Tierspuren Europas : Spuren und Zeichen bestimmen und interpretieren. Ulmer Eugen Verlag. 816p.
- Melcore I., Ferrari G. & Bertolino S. (2020). Footprint tunnels are effective for setecting dormouse species. Mammal Review – Short communication.
- Marchesi P., Blant M. & Capt S. (2008). Mammifères de Suisse – Clés de détermination. Fauna Helvetica 21, CSCF & SSBF, Neuchâtel.
- SFEPM (2023). Guide pratique pour l’étude des petits mammifères terrestres (version 1). 150 pp.